La Ferme de Sarliève : Un projet collectif et agroécologique en construction.

Samedi 20 février, entre 60 et 70 personnes issues du tissu associatif clermontois se sont réunies pour débuter l’aménagement de la ferme de Sarliève, un projet collectif et agroécologique en cours de création. Située sur quatre communes différentes, entre la sortie sud de l’autoroute de Clermont-Ferrand, le Zénith et les bâtiments de CSP (Centre Spécialités Pharmaceutiques), la ferme a vu sa première haie d’arbres être plantée sur 450 mètres de terrain.*

Un première action pour un projet ambitieux

De 14h à 17h, des acteurs citoyens venus de différents milieux associatifs sont venus planter une haie d’arbres pour commencer l’aménagement de la plaine qui deviendra une ferme. Issus de diverses espèces locales, on retrouve des aubépines, chênes, cornouillers, cormiers mais aussi des fruitiers sauvages, offerts par la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux). Malgré un vent puissant de 90km/h, chacun est motivé pour planter ces nouveaux acteurs de la biodiversité, qui sont le premier pas vers la renaturation du site. « D’ici deux ou trois ans, on aura planté des haies sur 15 à 18 kilomètres. Ça mettra entre 10 à 15 ans avant de ressembler à quelque chose.«  précise Julien, responsable de la renaturation du terrain. En effet, le site était auparavant un champs de production intensive de céréales, ce qui a appauvri le sol. « Il y a un manque de biodiversité, de nature. On ne voit aucun oiseau » poursuit Julien.

Mais quel est le projet de la ferme de Sarliève ? Construire une ferme composée de multi-acteurs pour recréer un espace nourricier, respectant la biodiversité et les terres agricoles pour les générations futures. L’objectif est aussi de répondre à une demande d’alimentation locale et de qualité. Pour cela, la ferme, qui existe pour le moment sous forme d’association, souhaite relever le défi d’un terrain sans artificialisation, c’est-à-dire sans la perte des qualités qui sont celles du milieu naturel de la plaine. Le projet est porté par trois associations : Bio63, Ilots Paysans et Terre de Liens Auvergne. Entourée de projets d’urbanisation, la ferme a aussi pour volonté de stopper le bétonnage alentour et de faire preuve d’innovation dans son organisation, dans sa maîtrise des polluants alentours, dans ses projets agricoles. Elle deviendra ainsi un exemple pour l’avenir du secteur de l’agriculture, que ce soit au niveau économique, social, écologique.

Les valeurs non négociables du projet

« Une partie du terrain est acquis par Terre de Liens Auvergne. Mais l’association souhaite laisser la gouvernance du projet à des citoyens et agriculteurs bio. Ils choisiront leurs projets agricoles. Ça pourra être du maraîchage, de l’élevage, de l’apiculture, de la culture de céréales. Les associations vont simplement poser le projet et en définir ses valeurs, comme le fait que tout sera bio. Ce sera non négociable » expose Julien. L’idée d’une démarche collective avec différents projets fait aussi partie des valeurs imposées. La ferme est pour l’instant une association. Mais elle veut devenir une entreprise qui fera de la transformation et de la commercialisation. Des réunions sont prévues pour que des porteurs de projets viennent présenter différents types d’agroécologie. « La semaine dernière, quelqu’un nous a présenté un élevage d’escargot par exemple » indique l’ingénieur responsable de la renaturation du site. La prochaine réunion se déroulera le 6 mars, de 9h30 à 12h30, sur inscription ici avant le 26 février.

Le projet s’inscrit aussi dans une volonté de ne permettre aucune artificialisation du sol. Le terrain se trouve sur une zone naturelle, donc non constructible. Toutefois, ce sont les élus locaux qui décident si une zone est urbanisable ou non. « Ici on est sur la Limagne, une des terres les plus fertiles de France. Pourquoi bétonner ici alors qu’il existe déjà 1700 friches industrielles abandonnées en Auvergne ? » demande Julien, qui explique qu’Emmanuel Macron avait fait la promesse de stopper toute artificialisation des territoires. Le gouvernement, pour limiter l’étalement urbain, a en effet mis en place le plan Biodiversité le juillet 4 juillet 2018. Il consiste à atteindre Zéro artificialisation nette (Zan). Ce concept consiste à ce que toute nouvelle opération d’artificialisation soit compensée par une action contraire, dite de renaturation. Sauf que la bétonisation autour de la ferme se poursuit. Tout est donc encore à penser, à questionner, à définir, à faire. Tout est possible.

Une ferme qui s’adapte

Julien explique aussi que la ferme devra être adaptable aux départs et arrivées de nouveaux projets. « Le métier d’agriculteur est difficile, ils se payent leur retraite en général en revendant leur ferme. La nouvelle génération n’acceptera pas de ne pas avoir de vacances, de travailler toute sa vie pour une petite retraite. Nous, on veut s’organiser collectivement pour s’épanouir professionnellement et dans notre vie personnelle. Les études montrent que notre génération ne fera pas de carrière de 45 ans comme nos parents. La ferme doit donc savoir s’adapter aux changements, être flexible sur les différentes cultures et projets. Ce sera complexe mais innovant« . Une belle promesse contre l’individualisation professionnelle des agriculteurs. Ils pourront associer les bénéfices de leurs multicultures et respecter le cycle naturel de la terre tout en étant solidaires.

Les différents projets agricoles et leurs porteurs mettront certainement deux à trois ans pour s’établir. En attendant, d’autres chantiers, ouverts au public, seront organisés pour aménager le site, avec une volonté pédagogique. « On veut pouvoir expliquer ce qu’impliquent ces chantiers : ce qu’apportent les différentes espèces d’arbres, les insectes que l’on va ramener. On aimerait installer des planches de peuplier avec les enfants pour créer un habitat aux insectes par exemple » explique Julien. Mais pour le premier bilan, « cet acte de revalorisation du territoire est fort car il est visible grâce à ces arbres, sachant qu’on est au croisement de tous les enjeux urbains avec le zénith, l’autoroute, le CSP… » conclut Julien, heureux des progrès de la journée.

Pour suivre les actualités de la ferme et s’inscrire à leurs actions : https://www.fermedesarlieve.org/

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