Valérie Goléo « Il faut réparer la société »

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19H. Café des Augustes de Clermont-Ferrand. Désormais, c'est Aurélie qui sert les planches et les bières. Valérie m'attend. Elle a été candidate Nouveau Front Populaire pour les législatives sur la 4eme circonscription du Puy-de-Dôme. Elle s'est désistée pour éviter une triangulaire au deuxième tour.

Elle attend, clope au bec, sur la terrasse. Elle sort du ciné avec son fils. « Le comte de Monte Cristo. C’est beau, ce film. Et Pierre Niney aussi » sourit-elle avec malice.

Valérie pétille, comme chaque instant. Ses mimiques, ses expressions, tout chez elle, respire la vie. On ne peut pas tricher avec elle. On boit une bière, c’est l’été. « Une blanche locale. » On commande une planche. « Prenez la légumes/fromages, c’est la meilleure. » Nous conseille Aurélie, qui se pose quelques minutes pour parler …politique.

« La politique est devenu un spectacle »

L’esprit est morose. Aurélie en a marre des tambouilles. Moi aussi. « J’ai l’impression de faire un burn out politique. » Valérie, dans sa générosité légendaire nous reprend. « Non, mais faut venir me voir quand c’est comme ça. » La candidate le reconnait fort bien, ça use les gens tout ça. « Mais, il faut savoir s’en protéger. » Pour Aurélie, « la politique c’est devenu un spectacle qui pollue les médias, les réseaux, alors qu’en vrai, les gens s’en foutent. »

Valérie le concède. « Il faut une pause. Il faut laisser les gens passer l’été tranquille. Tout le monde a besoin de repos. » Tout le monde ? Pas vraiment, Valérie a décidé d’annuler ses vacances. » Non, moi, je suis focus. J’y pense tout le temps. Il faut qu’on répare cette société. »

« La meilleure des campagnes »

L’habitante d’Issoire a fait la meilleure des campagnes. Et elle a parlé, elle a vu, entendu les gens. « Je me suis baladé dans des villages que je ne connaissais même pas. Je me souviens de deux personnes un peu âgées qui me racontaient la désertion des services publics dans les campagnes. Puis, ils m’ont parlé des étrangers. Des étrangers qui n’existaient pas dans leur vie, mais qu’ils voyaient à la télé. Je leur ai parlé de la solidarité entre paysans, quand une vache vêlait et que ça se passait mal. C’est important la solidarité. Alors, pourquoi on laisserait crever des gens dans la méditerranée ? »

De cette campagne sur les routes auvergnates, Valérie retient surtout l’engouement. « On sentait qu’il y avait urgence. Les gens se sentaient en danger. » Elle entend partout où elle passe. « Cette fois, tu vas passer. »

Dans son comité, elle peut compter sur Juliette, Mathieu, ou encore Alain, qu’elle cite avec éloge. Mais, elle n’oublie pas les 200 personnes qui gravitent, filent des coups de main.

« J’espère que ton père sait nager »

Un jour, elle se rend à Sauxillanges. Là, elle rencontre un grand-père qui raconte. Il raconte qu’un jour sa petite fille est rentrée de l’école bien malheureuse. Un de ses camarades lui a dit « J’espère que ton père sait nager. »

Valérie n’est pas dupe. « Le racisme, ça ne vient pas des enfants. Ce sont des phrases qu’ils écoutent chez eux. Il faut qu’on réconcilie les gens. » Durant la campagne, elle peut en témoigner, la parole raciste, xénophobe, homophobe a été libérée. Sans complexe. C’est aussi un de ces trucs qui a changé depuis 2022.

Le dimanche du 1er tour, Valérie attend à l’Annexe, bar issoirien, avec son équipe. Mais, alors qu’elle entre sur le plateau de France 3, le site buggue. Elle ne sait pas si elle est 2eme ou 3eme. Le journaliste la garde 5 minutes sur le plateau avec une seule question. « Si vous êtes 3eme vous faites quoi ? » Valérie n’hésite pas une seconde. « Je me désiste. Je lutte contre l’extrême-droite. »

Désistement

Elle tient parole dès qu’elle apprend sa troisième place. « Je n’allais pas prendre le risque de faire passer le RN. »

Au deuxième tour, la voilà soulagée. « On a évité le pire. Même si avec Macron, on n’est pas en zone de confort. »

Ces 15 derniers jours, Valérie se la joue discrète. « Je ne réagis pas aux petites histoires, aux débats du moment. C’est stérile. La gauche n’a pas besoin de toutes ces embrouilles. L’ urgence pour moi est à l’unité. Et à l’application du programme. »

Valérie a tout de même un peu peur pour la suite. « En 2022, le gouvernement a voulu faire 11 milliards d’économie, et ça a été un carnage. Là, il prévoit 30 milliards sur 2 ans. Ils vont tout nous casser. »

Le sens des affaires plutôt que le sens civique pour les actionnaires

Puis, elle répète les 240 milliards d’argent public passés dans la poche des actionnaires. « L’argent public ! » Répète-t-elle, en se rallumant une clope. « Le FMI le dit, la France a un problème de budget. Le problème ce n’est pas de faire des économies dans les dépenses mais de faire des recettes. L’argent, il y en a. Tu trouves normal que Mediacoop soit taxé à hauteur de 33 % et que les multinationales soient exonérées d’impôts, d’Urssaf, et ne redonnent rien à l’Etat ? Avoir le sens des affaires, ce n’est pas avoir le sens civique, on dirait ! »

Le désengagement de l’Etat, elle en réfute la thèse. « L’état s’engage surtout à faciliter le marché ! » Reprend-elle.

Mais, quand elle parle de politique, Valérie parle surtout des gens. De ces jeunes qui ne trouvent plus de sens, et ne croient plus au futur, de ces personnes âgées délaissées par la société, de ces ouvriers, salariés qui ne dorment plus les nuits à force de calculer leur compte en banque. De ces cancers ou maladie d’Alzheimer qui touchent de plus en plus tôt.

Pincement au coeur

La politique, ce n’est pas une affaire d’ego. Ne pas être députée, ce n’est pas grave. Valérie a travaillé sur elle pendant des années. « J’ai vécu la mort de proches, la dépression, j’ai bossé sur moi pendant 10 ans pour être aujourd’hui la femme heureuse, amoureuse et engagée. » Alors, elle ne se trompe pas de combat. « J’aurais juste aimé qu’on soit plus nombreux à l’assemblée. C’est pas une défaite. Tout au plus un pincement au coeur. »

Il y a bien eu ce moment douloureux, quand elle est sortie du plateau de France 3, ce soir du premier tour. Un journaliste de France bleu pays d’Auvergne lui tend le micro. « Là, mon désarroi est sorti. En fait, j’aurais aimé participer à l’aventure pour rendre les gens plus heureux. Mais si je ne peux pas en tant que députée, je le ferai autrement. »

Valérie a un plan : « Réparer la société. » On est d’accord là-dessus. On reprend une bière. Et on parle d’amour. Il en faudra beaucoup. Mais, ça, dans le cœur et la vie de Valérie, c’est une formalité.

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1 réflexion sur “Valérie Goléo « Il faut réparer la société »”

  1. C’est complétement irréaliste et présomptueux de vouloir rendre les gens heureux. Fabien ROusel s’y est frotté : rappeler vous le slogan  » les jours heureux ». employer cet argument est infantilisant. Car c’est une notion trop large et trop singulière. Et on sait ou peut mener le pouvoir qui en ferait son programme : pour être heureux il faut rester entre nous disent les électeurs RN..
    Mais promettre un salaire minimum à 1600 euros, c’est tout à fait plus prosaïque et chacun fera avec cette promesse le bonheur qui lui convient ! économiser ou épargner pour accéder à la propriété par exemple. Avoir une habitation confortable et économe grâce aux aides de l’état. savoir aussi que l’assurance chômage permettra de maintenir son « pouvoir d’achat ». savoir aussi que les accidents de la vie sont pris en charge par notre médecine hospitalière. Il faut que le bien être collectif soit assuré par des services publics et un salaire décent pour tous.

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