Nous arrivons vers les 14 heures, en plein débat…sur l’Extrême-droite. On ne pouvait pas mieux tomber ! Se définissant dans la lignée antifasciste, le syndicat estime « le combat obligatoire, tout comme celui pour le climat ou le droit des femmes. »
Dans la salle sous le Auchan de Clermont-Ferrand, ils sont 80, assis-e-s sur des chaises en arc de cercle, entourant la table qui accueille Sylvain de Sud rail, Christiane et fabienne de Sud Education et Loris de Sud-Recherches.
Il faut dire que l’histoire de ce syndicat représente une constellation de fédérations autonomes. Aussi, les questions qui tiraillent les camarades entre eux prouvent la jeunesse du syndicat. Irina propose des tracts sur les marchés pour se faire connaître davantage. Mathieu propose la fabrication d’un bulletin trimestriel afin de vulgariser son secteur aux autres secteurs du syndicat.
Patrick rappelle les mobilisations en cours, auxquelles Solidaires a participées. Contre le génocide à Gaza. Contre la loi Darmanin. Mobilisation du 8 mars. Et le but est de continuer à être visibles, présents.
Oui, mais Alain, retraité, le rappelle. « On rencontre une certaine défiance à l’égard des syndicats. Déjà les Gilets Jaunes clamaient Ni politique Ni syndicat. »
Pourtant, Solidaires accueille de nouveaux adhérents, même si, la branche étudiante a disparu par exemple, sur Clermont-Ferrand. Alors, cette année, le syndicat a soutenu l’UNEF aux dernières élections étudiantes.
Si le consensus a remplacé l’unanimité au sein du syndicat, les camarades votent assez rapidement mais non sans débat, les motions que chacun est libre d’apporter : La création d’un journal interne est ainsi adoptée afin que chaque secteur du syndicat puisse être visible et compris. Comme s’il restait encore à faire connaissance.
Mais pour comprendre cela, il faut revenir en 1981, année de création du groupe des 10. 10 organisations syndicales autonomes décident de s’unir. On y trouve par exemple, les fédérations autonomes du transport, de la défense, de la SNCF, des journalistes ou encore de la police.
Dès 1986, le Groupe des 10 s’attelle à la défense des services publics, malgré des difficultés à se structurer. Il faut dire que la règle des votes à l’unanimité freine un peu les processus de vote.
En 1989, le groupe accueille SUD-PTT. Il s’agit d’une organisation issue de la CFDT mais en opposition avec le syndicat qui refuse de soutenir la grève des cheminots de la même année.
De plus, c’est aussi en 1989, que la CFDT décide de soutenir la loi de séparation de La Poste et France Télécom, poussant les deux structures sur la voie de la privatisation. De nombreux militants se portent en faux.
Sud (Solidaires Unitaires, Démocratiques) PTT accueille alors de nombreux nouveaux adhérents, déserteurs de la CFDT.
A la fin des années 1980, le CRC-santé, rassemblant des infirmières rejoint le Groupe des 10. En 2003, c’est au tour du SNUPFEN (salariés des Forêts et espaces verts) de venir gonfler les rangs du groupe des 10.
Dans le même temps, la ligne syndicale se durcit, avec le lancement de la campagne Agir contre le Chômage et la création de AC! Cette orientation fait fuir la Fédération Autonome des Transports ou encore la Fédération des cadres de la SNCF ou la Fédération de l’Education Nationale qui partent former l’UNSA.
Le G10 s’est effectivement radicalisé et fait partie du paysage de la gauche syndicale.
Les grèves de 1995 vont être un nouveau tournant pour le syndicat avec la création de Sud Rail. Certains militants quittent la CGT afin de créer Sud Etudiant ou Sud Education.
Alors, en 1998, pour mieux se structurer, naît du G10, l’Union Syndicale Solidaires. L’unanimité est abandonnée au profit du consensus.
Le syndicat Solidaires s’oppose en 2005 au traité constitutionnel et apporte son soutien aux faucheurs volontaires d’OGM. Autre point fort de l’organisation : Sa position avant-gardiste sur le climat. D’ailleurs, à l’unanimité et sans aucune abstention, une résolution sur l’environnement est votée au 4eme congrès du syndicat, en 2008.
Le syndicat est désormais connue pour ses positions fermes contre le fascisme, le sexisme et toute forme de discrimination. Il est souvent acteur des mouvements altermondialistes et prône une meilleure protection des lanceurs d’alerte.
Le congrès de Solidaires Auvergne , ce 9 février, rappelait dans ses enjeux, débats et discussion la diversité des fédérations en son sein. Et qu’il reste encore à combattre et construire.