C’est un projet vieux de trente ans et enterré depuis des années. Mais en 2020, le président de Région Laurent Wauquiez décide de le ressortir des cartons. La déviation du Pertuis et de Saint Hostien de la RN88, en Haute-Loire, doit passer par de nombreux travaux avant sa concrétisation par une nouvelle 2×2 voies.
Problème, le projet est destructeur et mortifère pour le Vivant. Il doit entrainer la destruction de 140 hectares d’espaces naturels, forestiers et agricoles. La déviation impactera 29 fermes et 20 hectares de zones humides. Plusieurs cours d’eau seront déplacés et des sources d’eau potable détruites. 100 espèces animales et végétales protégées se trouvent sur le tracé où sont prévus 13 ouvrages d’art et 3 millions de m3 de déblais.
Si le jeu en vaut la chandelle ? Pas vraiment. En effet, le coût et le gain de temps sont difficiles à justifier. Le projet évalué d’abord à 226 millions d’euros pourrait subir la montée des prix des matériaux. Surtout, le gain est estimé à 3 minutes pour les voitures et 1 minute pour les poids-lourds.
Sourde oreille
À l’heure actuelle, les travaux de la déviation ont débuté alors que des actions judiciaires sont encore en cours. Trois recours juridiques concernent l’annulation de l’autorisation environnementale. Des plaintes ont été déposées pour non-respect des prescriptions de l’autorité environnementale suite à la destruction de forêts de nuit et sous la neige en 2021. Malgré cela, les travaux ont débuté en 2021 et s’intensifient depuis le printemps. Une nouvelle Déclaration d’Utilité Publique est en cours d’instruction.
Résistance
Sur place, voilà trois ans que la résistance au projet s’organise. Habitants, agriculteurs et défenseurs de la nature participent à la mise en place d’actions pacifiques de toutes sortes. En 2021, un photographe Clermontois a passé du temps avec ces derniers pour capter leurs ressentis et soutenir la lutte. Également militant à Greenpeace Clermont-Ferrand, le photographe s’est servi de ses clichés pour mener une action ce matin avec les autres membres de l’organisation.
Alerter plus largement
La Déclaration d’Utilité Publique de 1997 étant caduque depuis 2007, certains propriétaires, malgré les pressions, refusent de vendre leurs terres. Une nouvelle consultation publique est en cours depuis le 12/07 jusqu’au 12/08. « C’est une occasion inespérée pour mettre un coup d’arrêt à ce projet, chacun et chacune pouvant participer à cette enquête, malgré une publication en plein été où il est difficile de mobiliser. Nous invitons le public à participer ici : registre numérique. », déclare le groupe local Greenpeace Clermont-Ferrand.
Afin d’informer les citoyens, ses membres ont accroché six grands draps représentant des photos prises en Haute-Loire sur les panneaux de chantier de la cathédrale de Clermont. Les photos ont été reproduites à la main, en cyanotype, technique du 19ème siècle qui utilise le soleil et l’eau et a donc un impact écologique très faible. L’oeuvre a demandé près de quatre jours de travail.
La demi-douzaine de personnes a choisi ce lieu passant pour sensibiliser le plus de monde possible. « Ici, on commence un peu à en parler mais par rapport à l’indécence du projet, on en parle pas assez. Et puis les gens, quand ils connaissent le projet, ça leur importe forcément. », explique une militante. En effet, malgré le soleil qui se lève à peine, certains posent leurs yeux sur les panneaux. Un homme vient questionne les militants. « L’art, la culture, ça permet de renouveler nos pratiques. Peut-être que l’art fait passer plus de choses, plus de messages. Ça rappelle que le vivant, c’est quelque chose qu’on ressent. », précise un membre de Greenpeace.
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