Lorsque nous arrivons, tout le monde est en place. Une vingtaine d’employés, de représentants du personnel ou des familles sont là. Mobilisés devant l’Ehpad, ces derniers viennent dénoncer la situation catastrophique dans laquelle ils se trouvent. Ils préviennent d’emblée, cette galère dure depuis longtemps.
« On n’a pas d’entretiens annuels depuis quatre ans, donc aucune chance d’évoluer professionnellement. Les évolutions de carrières sont bloquées. », explique Murielle, représentante du personnel. Face à cette situation, une mobilisation est organisée ce mercredi 27 octobre de 13h à 17h devant l’établissement pour tirer la sonnette d’alarme.

Une situation insupportable
« On en a ras-le-bol », s’exclame instinctivement les deux femmes, presque d’une même voix. Elodie est là depuis 10 ans. Sa collègue Audrey encore plus. Elles sont toutes les deux aides-soignantes. « On nous parle mal et on ne nous respecte pas du tout », précise Audrey.
À l’Ehpad, les conditions de travail sont difficiles et aggravées par le manque de communication de la direction. Les agentes dénoncent notamment les ordres et contre-ordres récurrents ainsi qu’une division des équipes due à ce management incohérent. Lorsqu’on demande à Murielle combien de personnes travaillent ici, cette dernière est incapable de nous le dire. « Quand je demande, on me dit qu’on ne sait pas. On me donne une fourchette entre 60 et 80. Ce n’est pas du tout clair », répond cette dernière.
Cercle vicieux
Ici, il n’y a pas d’entretiens annuels et pas de bilan social non plus. De quoi maintenir le flou sur l’ensemble du fonctionnement d’Ambroise Croizat. « Il n’y a pas de formations, et pas d’embauches », lance une des femmes. À la place, la direction a recours a plus de remplaçants et contractuels que de titulaires. Cela implique un personnel moins formé et des périodes continues en sous-effectif. Le manque de personnel implique du mal-être au travail donc des patients qui en souffrent. « Nos résidents et leurs familles ne méritent pas de subir cette maltraitance institutionnelle », lancent les salariés et leurs syndicats.
Les résidents victimes collatérales
Les mots sont forts. Les agents parlent de maltraitance. « Les résidents de l’unité protégée ne sont pas en sécurité lorsqu’un salarié se retrouve seul », nous explique Fanny, aide-soignante. « C’est une honte, j’ai vu Murielle toute seule un dimanche »,s’indigne André, représentant des familles dont l’épouse, résidente, est décédée il y a quelques mois.
« Nous étions sept agents le matin pour faire trois étages. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que cinq. J’ai vu une collègue se faire réprimandée parce qu’elle a osé dire que nous étions en sous-effectif », continue Murielle. Pourtant, cette même direction demande aux aides-soignants de faire le travail des infirmières. La préparation des piluliers par exemple.
Un autre problème vient de la précarité des emplois. « Trop d’agents sont en cdd d’un mois et cela depuis plusieurs années pour certains », explique Fanny. Cette situation, Marie, infirmière, ne l’a pas supporté. Elle était contractuelle mais est partie en arrêt avant la fin de son contrat. Elle n’a pas souhaité le renouveler. « Je suis partie à cause de la pression au travail, du manque d’effectif et du management médiocre de la direction. Il n’y a aucune communication ».
Des revendications nombreuses
Devant l’établissement, les revendications sont nombreuses. En tête, des embauches sur les postes actuellement non pourvus (3 postes et demi d’Infirmiers-ères diplômé-e-s d’état). Ensuite, la titularisation des agents contractuels, la stabilité des emplois du temps des agents et le respect des tableaux de service avec un affichage au 15 du mois et des actualisations en cas de changements impossibles à prévoir. Des choses qui paraissent normales mais qui ne sont pas appliquées à l’Ehpad. Les salariés demandent l’arrêt du rappel des agents sur leurs temps de repos, pendant les vacances et les week-ends.
Enfin, les agents souhaitent la présentation du bilan social annuel, la reprise des évaluations des agents tous les ans, le déblocage des carrières et des formations. Sans ces changements, ces derniers préviennent, la mobilisation continuera et d’autres journées de grève seront décrétées.