L’affaire Dreyfus devient en France, une véritable affaire d’Etat. Il s’agit d’un complot judiciaire dans un contexte ouvert à l’antisémitisme et à des polémiques nationalistes. En effet, la 3eme République garde les traces de la « haine » des Allemands.
Dreyfus est donc accusé de trahison. On lui reproche d’avoir livré des documents secrets aux Allemands.
Le véritable tort de Dreyfus est en fait d’être un juif alsacien. Il sera accusé à tort de 1894 à 1906, date laquelle il sera innocenté.
Alors, quel est le contexte ?
En France, la guerre franco-allemande a poussé Napoléon III à la destitution. La Commune de Paris va alors tenter de mettre en place une république à égalité sociale. Mais, elle va se confronter au gouvernement d’Adolphe Thiers, installé après l’Empire. Ce dernier va écraser et faire taire les revendications du peuple.
De cette défaite contre les Allemands, mais aussi de cette forte répression gouvernementale, les français gardent un goût amer. Et un sentiment nationaliste…
Plusieurs ligues vont alors se créer. La ligue des Patriotes, surfe sur le sentiment du nationalisme, dès 1882. Au départ, elle réunit des républicains modérés dont Victor Hugo, par exemple. Mais, très vite, elle devient germanophobe, hostile au parlementarisme et antisémite. La perte de l’Alsace et la Lorraine ne passe pas pour Paul Déroulède, figure de la ligue, blessé de guerre. Il a d’ailleurs participé à la répression contre La Commune.
Très vite, il fait prendre un virage à la ligue dont bon nombre se désolidarisent. Il veut prendre sa revanche sur la Prusse et ainsi créer une société discipline, anti-républicaine, avec un esprit militaire. La ligue d’ailleurs mobilise et encadre la jeunesse. Déroulède est considéré comme l’un des précurseurs d’un fascisme français.
En parallèle, en 1889, la ligue antisémitique est créée par Edouard Drumont, et Jacques de Biez. A cette époque, ils n’ont aucun complexe à montrer du doigt les juifs comme uniques responsables de la crise économique française. Drumont est à la tête d’un journal intitulée « La France juive ».
Jacques de Biez, journaliste, lui écrit « La question Juive ». Ils créent le comité antisémitique à Bucarest. « Ils refusent les juifs dans leur structure, et luttent contre la finance internationale. En cela, ils se considèrent comme socialistes nationaux, luttant contre « le complot de l’oligarchie judéo-financière. »
Avec trop peu d’adhérents, ils ne survivent pas, mais renaissent de leurs cendre grâce à Jules Guérin, qui crée Le Grand Occident d’Orient. Il parvient à regrouper 2000 membres au moment de l’affaire Dreyfus. « L’antijuif », leur journal est financé par les royalistes.
Ce sentiment nationaliste et antisémite circule dans le peuple français, de façon diffuse. En effet, le pays connaît une crise économique, avec l’ouverture de la concurrence agricole. Crise démocratique aussi, avec le nouveau gouvernement républicain. Le krach de la banque de Rothschild en 1882, et ses conséquences économiques, semble avoir aussi influencé ce sentiment anti-juif.
Le général Boulanger arrive à cette période à rassembler dans son anti-parlementisme, nombre de français qui le rejoignent pour différentes raisons, parfois totalement opposées. En fait, il parvient à réunir tous les opposants au régime avec un sentiment de revanche concernant la défaite contre l’Allemagne. Mais, ce projet populiste ne tient pas. Ce qui développe d’autant plus le sentiment patriotique, l’injustice et le dégoût pour la politique parlementaire.
Il faut dire aussi que durant cette période, de nombreuses émeutes ont lieu contre les magasins et commerces tenus par les juifs. Parfois des rassemblements de plus de mille personnes rendant responsables les juifs de la crise économique.
L’antisémitisme est revendiqué par la droite et l’extrême-droite, mais elle n’épargne pas une partie de la gauche, dont le syndicalisme révolutionnaire qui mêle antisémitisme et anticapitalisme.
C’est ainsi que débute l’antisémitisme en France, et ses racines pousseront jusqu’à l’arrivée d’Hitler.
Nous parlerons dans le 3eme épisode du rôle de l’Action Française et des premiers proto-antifascistes en France.