Jeune fille, 14 ans, retrouvée pendue.

Hier, nous apprenions par certaines sources le suicide d'une jeune fille de 14 ans dans un hôtel d'Aubière. La jeune fille était suivie par l'ASE.

La jeune adolescente était suivie depuis de nombreuses années par l’Aide Sociale à l’Enfance. Placée très tôt, l’enfant a égrené les centres d’accueil et autres lieux proposés par l’ASE.

Elle était actuellement suivie par l’association Parenthèses d’Alteris.

Mais, la semaine dernière, son corps a été retrouvé pendu dans la chambre d’hôtel où elle avait été placée.

Un hôtel qui a l’habitude de recevoir les jeunes de l’ASE. « Le patron est très sympa, mais il n’est ni éducateur ni psy. C’est un drame aussi pour lui. » Nous confient nos sources.

La loi Taquet

Un drame doublement critiqué par les éducateurs et salariés du monde de la protection de l’enfance. « On place des enfants de 14 ans à l’hôtel alors que la loi nous empêche de le faire. Il est proscrit de placer un enfant dans un lieu non agréé. »

En effet, la loi Taquet, promulguée en 2022, interdit l’installation à l’hôtel excepté pour la mise en sécurité de l’enfant. Malheureusement, le décret n’est toujours pas passé et l’interdiction doit prendre effet le 1er février 2024.

Responsabilité de l’Etat

« Cette jeune fille n’a pas eu un parcours facile. Elle aurait dû bien mieux être épaulée plutôt que laissée pour compte dans un hôtel. La responsabilité n’est pas le gérant de l’hôtel ou son éducatrice attitrée, mais le système entier qui ne cherche pas de solution pour ces enfants. » S’insurgent d’une même voix, les éducateurs et éducatrices interrogé-e-s.

Depuis des années, la protection de l’enfance traverse une crise sans précédent.

Des centres qui explosent

Au Centre De l’Enfance et des Familles de Chamalières, la pouponnière accueille 59 bébés alors que seulement 43 places sont autorisées. Ce lieu ne devrait être qu’un passage transitoire dans la vie des enfants. « Notre centre est censé garder les enfants maximum 6 mois, le temps qu’on leur trouve une place en famille ou en centre d’hébergement. Ici, certains enfants sont là depuis 3 ans. »

Ce que nous confirme une jeune fille désormais en famille d’accueil. « J’ai été placée à 7 ans au CDEF de Chamalières. Un monsieur est venu me chercher à l’école, j’étais alors en sport. » La jeune fillette débarquera avec sa petite sœur et restera 3 ans au centre avant d’être accueillie en famille. « On se rend compte au centre qu’il manque des éducateurs ou éducatrices. Moi, personne n’avait le temps de m’aider pour les devoirs. Mes notes sont devenues catastrophiques. Depuis que je suis hébergée en famille, tout va mieux. »

Maltraitance institutionnelle

Ainsi, des professionnel-le-s de la protection de l’enfance qui ont l’impression de maltraiter les mineur-e-s à leur charge. « Quand on n’a pas le temps de s’en occuper, on rentre dans la maltraitance institutionnelle. » Déplore l’ un-e d’entre eux.

Alors, ce week-end, leur direction leur a demandé de taire le suicide de la jeune fille de 14 ans, dans un hôtel d’Aubière. C’était sans compter leur besoin de ne pas voir mourir cette enfant une deuxième fois.

Et, une triste occasion mortifère de remettre d’urgence la situation catastrophique de la protection de l’enfance en France dans les priorités nationales.

*Photo de couverture prise lors d’une manifestation pour une meilleure protection de l’enfance à Clermont-Ferrand.

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9 réflexions sur “Jeune fille, 14 ans, retrouvée pendue.”

  1. Extrêmement triste dommage que tout soit récupéré avec le manque de moyens et qu’il ne soit pas question de l’allocation de ces moyens 9 milliards pour 300 000 enfants, ça fait tout de même 30 000euros par an par enfant accueilli. Cette jeune fille devait avoir des soucis qui ne sont pas explicités ici, elle ne s’est pas suicidée par manque de moyens.

    1. Paix à son âme la jeune fille je l’es retrouvée par terre en train de faire une crise j’ai appeler les pompier elle a était drogue puis battu je pense que c fait fin partie de son suicide. Que justice sois faite …

      1. Bonjour,
        Militant et lanceur d’alerte , je mène une enquête sur les maltraitances des mineurs. J’aimerais avoir plus d’informations sur les circonstances s’il vous plaît.

        Pouvez vous m’écrire à

        grouposcbd@gmail.com

        Merci à vous

  2. Un mineur en danger qui ne peut pas temporairement rester dans sa famille est pris en charge par des services éducatifs. La garde de l’enfant est confié à un tiers et cette garde est sous la responsabilité des services sous l’autorité du président du conseil départemental. Les services de la protection de l’enfance sont garants de la santé et de la sécurité des enfants. Les mineurs sont encadrés par des professionnels qualifiés. Des bilans sont faits afin de réfléchir à la meilleure solution éducative, dans l’intérêt du mineur.
    Voilà le tableau . Aucun projet ne peut aboutir au » placement » de l’enfant dans un hôtel surtout à 14 ans si ce qui est dit dans l’article est exact. Dans cette hypothèse, on peut évidemment invoqué uniquement le manque de moyens mis en œuvre : pas assez de places dans les structures habilitées. En effet dans ce contexte, face à cette carence institutionnelle, comment faire pour héberger ? Mais le choix éducatif ne devrait pas pouvoir déroger aux règles déontologiques : sécuriser l’accueil et la vie du mineur et si celui ci présente des comportements inquiétants, laissant supposer un danger pour lui même ou pour les autres, alors sa prise en charge relève aussi du soin psychiatrique. Ce qui n’est pas possible dans un hôtel.
    Les professionnels ( les éducs et personnel dédié) sont mis en défaut dans leurs actions éducatives : on parle de maltraitance institutionnelle. Mais le manque de moyens ne peut être invoqué ici pour dédouaner les responsabilités dans la chaine hiérarchique.
    Passée l’épreuve de ce drame et ceux qui en sont affectés ont bien sur besoin du soutien des pairs, il faudra bien prendre des décisions politiques au niveau départemental.

  3. Quand aux déclarations de la députée LFI rapportée par La Montagne, la mise en cause de l’état se veut acerbe mais elle a tort sur un point ; les enfants mineurs placés sont bien sous la responsabilité du Président du Conseil Départemental et pas du premier ministre. C’est pour cette raison que le Président et la vice présidente chargée de l’enfance se sont rendus sur les lieux.

  4. La responsabilité et à Mr Jean Yves Gouttebel !
    J’espère que la famille de cet jeune fille déposera plainte !
    Repose en paix
    Condoléances à la famille

  5. Je suis la mamie paternelle de Lily
    Son père (mon fils) était séparé de la mère depuis 4 ans
    La mère était partie sans laisser d’adresse
    Lily nous a retrouvé via les réseaux sociaux dès qu’elle s’est retrouvée en foyer (elle ne voulait plus rester avec sa mère)
    En Novembre elle nous a contacté car se sentait menacée
    Avec mon mari, nous devions aller la chercher pour qu’elle se sente en sécurité, hélas, la veille de notre départ pour Clermont-Ferrand elle nous a envoyé un message vocal pour nous dire qu’elle n’était pas prête à quitter Clermont-Ferrand, qu’il lui fallait du temps, j’ai gardé ses écrits et ses appels vocaux
    Je suis tellement désespérée de ne pas avoir insisté mais je ne pouvais pas la forcer
    Elle ne méritait pas ça

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