Mobilisations contre les expulsions: « Le rectorat doit prendre position ! »

Plus d'une centaine de personnes s'est réunie mercredi 29 juin devant le rectorat, à Clermont-Ferrand. Un rassemblement destiné à exiger la régularisation des élèves et des familles menacés d’expulsion.

Depuis plusieurs mois, les mobilisations se succèdent face aux nombreuses OQTF (obligation à quitter le territoire français) qui touchent des familles et leurs enfants, indique Réseau Éducation Sans Frontières (Resf) 63 dans leur tract. Il y a deux semaines à Riom, c’était pour soutenir la famille Zeqiroviq, et aujourd’hui, devant le rectorat, c’est pour l’ensemble des personnes concernées.

« Le recteur nous ignore ! »

« Nous sommes ici, devant le rectorat, car il y a une pluie d’OQTF qui tombe ! On s’est dit qu’on devait se rassembler pour exprimer notre émoi et notre colère en tant que personnel de l’Education nationale, et faire comprendre au Rectorat qu’il doit prendre position ! » , affirme Didier Pagès, militant à RESF.

En mai dernier, les organisations syndicales du réseau avaient fait un courrier au recteur pour dénoncer ces expulsions qui visent les élèves et leurs familles. Elles n’avaient eu aucune réponse en retour. « Le recteur nous ignore ! Il n’a jamais répondu à nos courriers, et refusé de nous recevoir aujourd’hui » , explique le militant.

Il poursuit : « Il justifie ses refus en disant que les OQTF concernent la Préfecture, et non le Rectorat. Mais ça, on le sait très bien. On l’a interpellé par rapport aux malaises que ces menaces d’expulsion instaurent dans les établissements, auprès des professeurs et des élèves. Et ça, ça le concerne ! »

« La peur au ventre au quotidien »

Pour les organisateurs du rassemblement, ces menaces d’expulsion qui pèsent sur les élèves et leurs familles sont vécues comme une négation du sens même du métier d’enseignant. « Personne n’a choisi d’être enseignant pour avoir à expliquer à une classe, qu’une chaise vide est celle d’un camarade expulsé la veille vers un pays qu’il a fui pour survivre. Personne ne peut nous demander cela », peut-on lire dans leur courrier au Rectorat.

« Nombreux sont celles et ceux qui vivent la peur au ventre au quotidien », explique une militante. Et Didier Pagès de se demander : « C’est à croire que la présence de tous les élèves à la rentrée n’intéresse pas le Rectorat !? ».

Le contexte de « l’Europe forteresse »

Pour CGT Education, il est important de mettre en avant les particularités du contexte actuel qui s’ajoute au « tour de vis de Macron », et s’illustre notamment par l’arrivée de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle et la présence inédite dans l’histoire de la 5ème République de 89 députés du Rassemblement national à l’Assemblée nationale.

Le syndicat dénonce aussi une Europe qui « laisse l’inhumanité se produire tous les jours en mer Méditerranée ou à Melilla enclave espagnol au Maghreb, dans notre département c’est un père de famille, gravement malade, qui a été mis en centre de rétention, une mère célibataire menacée de retourner au Monténégro et une famille qui en plus d’une OQTF se retrouvera demain à la rue ! »

Malgré un contexte compliqué, de nombreux militants insistent sur l’importance décisive des mobilisations dans les combats en cours. « Nos luttes paient tout de même car la mobilisation qui avait eu lieu devant le Lycée Pierre-Joël Bonté de Riom avait permis la régularisation des élèves du lycée qui étaient alors sous le coup, eux aussi d’une OQTF », se réjouit le syndicat.

Nos actionnaires, c'est vous.

Aidez-nous à rester gratuit, indépendant et sans pub :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

nos derniers articles
Cet article vous a plu ?

Soutenez le Cactus !

Le journalisme a un coût, et le Cactus dépend de vous pour sa survie. Il suffit d’un clic pour soutenir la presse indépendante de votre région. Tous les dons sont déductibles de vos impôts à hauteur de 66% : un don de 50€ ne vous coûte ainsi que 17€.