Handi-Cap vers l’école fait sa réunion d’alertes.

Parents, AESh et professeurs st sont réunis vendredi lors d'une discussion organisée par l'association Handi Cap Vers le droit à l'école. Beaucoup ont pu témoigner des dysfonctionnements.

Parfois un peu technique, la réunion a permis à des parents d’enfants souffrant d’un handicap de se rencontrer. Mais pas seulement. Des AESH ont pu parler de leur réalité ainsi que des enseignants venus anonymement témoigner.

Car la prise en charge du handicap à l’école est loin d’être une question anodine. Dans le Puy-de-Dôme, Eléonor Perise, présidente de l’association a compté 250 AESH manquantes. Cette maman a aussi été touchée par la problématique il y a quelques années avec son fils. « Je me suis battue pour mon fils, je me bats désormais pour vos enfants. »

Amel prend la parole. « Ma fille est en 3ème. On me répétait toujours qu’elle était bête. » Alors pendant 8 ans, l’enfant perd totalement confiance en elle, jusqu’à ce qu’un diagnostic soit posé. « Multi dys ». Et tout se remet en place. « Elle a pu être prise en charge, être respectée, et sa confiance en elle est revenue. »

Le regard de cette mère est sévère sur l’Education Nationale. « On nous répétait : Faudra qu’elle aille en pro, elle n’a pas les capacités, sans chercher à savoir ou comprendre. » Puis l’équipe pédagogique a changé d’attitude. Désormais, l’adolescente attend une AESH.

C’est une jolie blonde emmitouflée dans son manteau qui prend désormais la parole. Elle se lève et raconte : « J’ai 3 enfants autistes TDAH. Le plus grand a fait 4 phobies scolaires en CM2. On a dû le déscolariser, le changer d’école. Mais aucun prof n’a été à notre écoute. » Pire, la mère a eu droit à une Information Préoccupante. (Un signalement de la part de l’établissement.) Alors, la jeune maman fait l’école à son enfant à la maison. Sa petite sœur a son dossier en cours d’instruction. « Je sais que ça peut durer des mois avant que cela aboutisse… »

Cependant, elle reconnaît volontiers que sa maîtresse s’adapte du mieux qu’elle peut en attendant.

Le plus petit vient d’entrer en CP, lui est atteint d’autisme sévère non verbal. Il n’a toujours pas d’AESH.

Cette maman continue son récit : « Le papa s’est barré évidemment. Pour venir ici, j’ai dû les laisser seuls tous les trois. Car je voulais vraiment témoigner. Depuis peu, on m’a diagnostiqué une sclérose en plaques. Il est où l’avenir de mes enfants dans ce monde ? » Interroge-t-elle…

Après un long silence, une femme, présente en visio, mère d’un jeune autiste de 15 ans, non verbal, ne pourra pas la rassurer : « Le délai moyen est d’un an pour obtenir une reconnaissance MDPH et pouvoir prétendre à une aide scolaire. »

Elle tente la plaisanterie : « on dit que les autistes ont un problème communicationnel, à croire que l’Education Nationale souffre du même handicap. »

Alors qu’elle est en train de parler, son fils la serre dans les bras, tentant de l’arracher de ses propos. Mais, sa maman continue : « La société fait de mauvais calculs. Autonomiser nos enfants reviendrait bien moins cher. »

Malika a fondé une association regroupant les colères des AESH. « Nous sommes considérés comme du sous-personnel. » Elle explique combien cette profession est précarisante. « Et surtout, on a reçu la consigne par l’Education nationale de ne pas communiquer avec les parents. Parfois, on aimerait bien pourtant. »

D’autres AESH confirment cette information. Une enseignante intervient. « J’ai la double casquette, mère d’un enfant porteur de handicap et professeure. Je me demandais pourquoi effectivement je n’avais aucun lien avec l’AESH de mon enfant. Mais je ne savais pas que vous receviez la consigne de ne pas nous parler. En tant qu’enseignante, je trouve cela d’autant plus tragique. »

Pour certains, les choses sont un peu différentes. Eleonor Périse, présidente de l’association depuis 10 ans prendrait presque ça avec humour : « Dans le Puy-De-Dôme, nous n’avons aucun contact avec l’inspection académique. Nos numéros de téléphone sont bloqués. Certains directeurs d’école nous ont même dit que l’inspecteur d’académie avait donné l’ordre de ne pas correspondre avec nous ! »

Souffles dans la salle. « Nous avons déjà dû faire intervenir des huissiers dans les écoles pour faire constater les manquements de prise en charge. Il n y a que comme ça que les choses bougent. Dernièrement, c’était pour le petit Emile, handicapé moteur. »

Une maman dans l’Allier confirme : « Nous aussi on manque d’AESH mais on communique bien avec l’inspecteur. »

Des professionnels se sont emparés de la question du handicap. Martine Plantin, psychologue, a créé « Dyschologue » et s’est spécialisée dans le dépistage, l’orientation et le soutien des personnes atteintes des troubles DYS, à Clermont-Ferrand.

D’autres comme les ergothérapeutes estiment devenir des « faiseurs de bilan ». Les parents sont de cet avis. « On fait passer constamment des bilans à nos enfants. On attend 6 mois le résultat. »

Et, un enfant n’a pas le temps d’attendre, trop occupé, à grandir, et vouloir retrouver ses camarades à l’école. « On manque cruellement de places. Donc on dirige nos enfants dans des IME, prétextant qu’ils n’ont pas le niveau même en ULIS. En fait, c’est juste qu’ils n’ont pas d’AESH. »

Marie, justement, est AESH. Elle explique les contrats majoritairement à 24 heures. « On est 24 heures par semaine dans une école. La loi du 27 mai 2024 permettait la prise en charge de l’AESH pendant les pauses méridiennes. On pouvait ainsi accompagner l’élève, en étant payées par l’Etat. »

la Loi a effectivement été promulguée mais le décret d’application n’est pas passé. A la rentrée, le coût a donc dû être pris en charge par les municipalités. « Mais certaines n’avaient pas budgété puisque la loi prévoyait la prise en charge par l’Etat. »

Les enfants se sont donc retrouvés parfois tout seuls sur le temps du repas. « Ou les AESH ont pris sur leur temps de travail mais du coup, les 24 heures étaient réalisées en 4 jours. Et le vendredi, personne ne pouvait s’occuper de l’élève. »

Dans la salle, une autre enseignante prend la parole. « Je n’ose pas dire aux parents que la prise en charge n’est pas suffisante, car de toutes façons, hormis les stresser je n’ai pas de solution à leur proposer. »

Eléonor reprend le micro. « On a besoin des politiques désormais. Hein Julien! » Sourit-elle, en regardant l’attaché parlementaire de Marianne Maximi, présent lui aussi à la réunion. Il connaît bien le dossier. Avec sa députée, ils ont travaillé là-dessus et promettent leur soutien et des actions pour faire en sorte que le statut d’AESH évolue ainsi que son nombre. Car selon lui « Ces aidantes, car toutes celles ici sont des femmes, sont essentielles à la bonne conduite de l’école pour tous et toutes. »

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