Aubière, 1923. C’est ici que naît et grandit Marcel Cousserand. Plus tard, il habitera Allée des Côtes de Chanturgue, dans une cité Michelin. Il travaille dans la grande usine. Ses parents, c’est Amable et Jeanne-Marie. Quand vient la guerre, puis l’occupation, Marcel est membre du PCF. Clandestinement. Il est envoyé au Chantier de Jeunesse, à Felletin dans la Creuse. En 1943, il parvient à s’évader et rejoint la Résistance en intégrant le Mouvement Les Ardents.
Le 15 août 1943, il gagne le Maquis de Prondines. Mais les réfractaires du Service du travail obligatoire sont une des cibles principales de la police Allemande. Alors qu’un jour, le Maquis se retrouve encerclé, Marcel et douze compagnons se retranchent dans une grange. Vite découverts, ils furent fusillés sur le champ, leurs corps placés devant la porte de leur refuge furent arrosés d’essence et brûlés. Marcel a été reconnu « Mort pour la France », a reçu la médaille de la Résistance française à titre posthume en 1949 et le titre de Combattant Volontaire de la Résistance (CVR).
Louis Cuoq aussi est né en Auvergne, en Haute-Loire, avant de rejoindre Clermont où son père travaille chez Michelin. Lui suit un apprentissage de serrurier. Il travaille aussi chez le géant du pneu avant d’intégrer l’A.I.A. Mais cette expérience sera de courte durée puisque la guerre éclate.
Rattaché à la cellule des Jeunesses communistes « Barbusse » de Clermont-Ferrand à la fin des années trente, Louis participe activement à la reconstitution clandestine du Parti communiste local après son interdiction. En 1941, il aide aussi à l’organisation du « Front national de la résistance » dans le Puy-de-Dôme. Il prend activement part à la rédaction, l’impression et à la diffusion de tracts.
Fuyant Clermont-Ferrand, il part pour Mauriac puis Cavaillon chez son oncle, après avoir été licencié de son entreprise à cause de son activité communiste. Mais ce dernier refusant de l’aider, Louis rentre à Clermont. Il est dénoncé. Un mandat d’arrêt court contre lui. En 1941, il habite une chambre près de Montluçon. C’est là qu’est caché tout le matériel servant à la diffusion des tracts.
Le 13 janvier 1942, Louis est arrêté dans l’Allier sous l’identité de Jean Morin. Il est condamné à quinze ans de réclusion puis aux travaux forcés à perpétuité. Après Clermont et Mende, il est transféré à la Centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne).
Ses camarades lui offrirent des fleurs et leur portion de pain d’épice pour fêter ses 20 ans à Nontron. Là-bas, il participa à l’organisation de la Résistance intérieure et à une tentative d’évasion collective. Livré aux Allemands, transféré au camp de Royallieu à Compiègne, il fut déporté le 18 juin 1944 à Dachau. Là, en février 1944, se sachant condamné, il laissa ce message : Je garderai jusqu’au bout conscience de la cause que j’ai défendue avec fierté et de l’idéal qui m’animait, afin que personne n’ait à rougir de moi ». Le 12 juillet, aux côtés de six anciens d’Eysses, il reçoit sa tenue rayée ainsi que le triangle rouge et le matricule et sont chargés dans un wagon en partance de la gare de Dachau.
Louis Mourra dans le camp. Une stèle commémorative en son honneur et celle de Marcel Cousserand a été érigée par le Parti communiste de Chanturgue et l’Union des Femmes Françaises (UFF). C’est là, allée des Pêchers qu’hier, un hommage a été rendu par les Jeunes Communistes du Puy-de-Dôme.
Devoir de mémoire
Autour de la stèle, du monde s’amasse. Des élus, des militants PCF, des Jeunes Communistes et des soutiens venus d’autres fédérations. Assan Lakehoul, le secrétaire général du Mouvement des Jeunes Communistes de France est aussi présent. « Je tenais à être présent pour rendre cet hommage. Ces morts, ce sont nos camarades et ils se battaient pour la liberté. », a expliqué ce dernier, lors d’un discours.
Juste avant, un membre de l’ARAC prenait la parole. Cette association fondée en 1917 par Raymond Lefebvre, Henri Barbusse, Georges Bruyère et Paul Vaillant-Couturier milite pour la paix et la solidarité entre les peuples et se donne pour mission de cultiver la mémoire.
« Ils sont morts pour notre idéal. Leur engagement sans faille ne peut être qu’une source d’inspiration. Nous sommes les héritiers de nos camarades et c’est notre devoir de leur rendre hommage. », a quant à lui exprimé Taran des JC63. Une gerbe de fleur a été déposée.
Combat d’hier et d’aujourd’hui
« Clermont est une ville de gauche et a une histoire forte de résistance mais aujourd’hui, nous voyons dans les rues de notre ville les salissures de ces fascistes. », rappelle un membre des JC.
Ces salissures, ce sont par exemple les tags à caractère raciste que l’on retrouve sur les murs. Les inscriptions haineuses sur les locaux de l’université. Mais c’est aussi les rondes violentes la nuit et les menaces. « La bête immonde qu’ils ont combattus rampe encore aujourd’hui, continuant à déverser son venin haineux de la division. », lance Assan. Des actes d’une extrême-droite qui s’immisce dans la société et dans le monde politique afin d’entretenir sa lutte mémorielle et d’imposer son récit révisionniste. Des discussions ont suivi l’hommage afin d’aborder ces différents sujets et donner un écho aux horreurs du passé, souligner le courage de certains hommes et l’importance de poursuivre les luttes pour la paix et la liberté de nos jours.
1 réflexion sur “Marcel Cousserand, Louis Cuoq : morts pour la liberté.”
Il aurait fallu citer tous les camarades maquisards ou pas, morts au cours de ces opérations car n’en nommer que 2 en raison de leur appartenance à un parti politique est sans doute justifié mais ce n’est pas la vérité historique. Les 12 compagnons de Marcel étaient aussi courageux et cela fait bizarre de ne pas voir leurs noms sur l’affiche rouge.
Par comparaison, à Saffré, le 28 juin 44, 13 maquisards sont morts ( le plus jeune avait 17 ans) pendant l’assaut des troupes allemandes. IL y a 13 tombes, 13 noms de personnes engagées dans le combat contre l’occupant et c’est tout. . Il y a des commémorations tous les ans sans aucune mention ni récupération politique.