16 heures, l’heure de la sortie d’école. Devant le portail de l’école Jean Butez, des enfants accompagnés de leurs parents ont décidé d’apporter leur soutien à leurs camarade, Ana et Mate.
Leur maman très émue, prend la parole. « Mon mari était sorti le 26 mai, et il a eu un contrôle de police. Il a été amené au centre de rétention de Nîmes, et risque de retourner en Géorgie. Merci d’être là. »
Anna et Maté sont les deux enfants d’un couple qui fuit la Géorgie, car ils y couraient de graves dangers. En 2018, ils scolarisent leurs enfants, et s’insèrent du mieux qu’ils le peuvent avec le voisinage, l’école et la vie de quartier.
Une enseignante tient d’ailleurs à prendre rapidement la parole : « On veut pouvoir donner une éducation à chaque enfant, quelque soit son origine. Il faut aider Ana et Maté. »
Les militants de RESF le signifient à plusieurs reprises : « Il faut donner des papiers à ces gens qui ont fui leur pays car y étaient en danger. Ils ont mis leurs enfants en sécurité en France. Ils parlent français. On parle du pays des droits de l’homme (et de la femme) mais que fait-on vivre à ces enfants, à ces parents, à ce père qui se retrouve en prison sans n’avoir jamais commis de délit ? Nous voulons garder cette famille avec nous. Et nous voulons qu’ils aient des papiers pour vivre avec dignité, pouvoir travailler. »

Ana, en CM1 prend aussi la parole pour remercier l’assemblée de son soutien. Quand elle sera grande, elle sera danseuse et chanteuse, c’est décidé. Elle raconte ce soir où un ami a appelé sa mère pour lui dire que son mari était envoyé en centre de rétention. Elle s’est juste demandé « Pourquoi?«
Rêves d’enfants et cruauté de la vie
« Pourquoi mon papa a été fait prisonnier? pourquoi il n’a pas le droit d’être libre et travailler? » De ses grands yeux bleus, Ana regarde autour d’elle, les enfants qui dessinent et écrivent des mots de soutien. « Je veux que mon papa soit libéré, et qu’on nous laisse tranquilles, que maman et papa travaillent. »

Olivia, une jeune ado du quartier vient la prendre dans ses bras, en larmes. « C’est la copine de ma petite sœur. Elles ont fêté leur anniversaire ensemble. Je ne supporte pas cette grande mode d’expulser des gens. Ce racisme qui est de plus en plus répandu. Déjà quand j’avais quatre ans, ici, au pied de l’immeuble, j’ai vu des policiers déloger un camp de tziganes. Ca m’avait choquée, on n’a pas le droit de faire ça. Quand je serai grande, je ferai de la politique pour changer les choses. J’en ai marre de la précarité, de ce manque de solidarité. »
Un problème systémique et des cas particuliers
Trois élus étaient présents en soutien à cette mobilisation, dont Nicolas Bonnet, conseiller municipal, qui est justement parrain de cette famille depuis décembre dernier. « Nous allons tout faire pour aider cette famille. On parle de l’immigration en chiffres. Mais là, voici un cas particulier avec des visages. »
Des visages d’enfants. Ils ont une histoire, un prénom, un âge, des rêves. Celui de devenir chanteuse et danseuse. Mais manque de moyen, Ana s’entraîne seule chez elle. « Ca , c’est pas grave. » Parce qu’il y a bien plus injuste ailleurs. Celle d’un papa détenu. d’une vie de famille que l’on brise, et de risque de retour dans un pays qui nous menace.

Maté, 5 ans, n’a jamais connu l’école ailleurs qu’en France. Il court autour des adultes avec ses camarades du même âge, et se met à dessiner lui aussi. Il est beau. Intimidé mais le regard frondeur. Il vérifie bien que sa mère n’est pas loin. Puis il repart jouer au loup. En toute innocence.
C’est un enfant de ce monde. Un petit citoyen de l’humanité. Avec les mêmes droits. Normalement.
Appel à manifestation
Une manifestation est prévue ce mardi à 18 heures devant la préfecture. Cette famille n’est malheureusement pas la seule. Des lycéens de Riom, une famille de Cournon, et une autre de Cournon sont aussi sous le joug d’une expulsion.
1 réflexion sur “Soutien à Ana et Maté, 9 ans et 5 ans.”
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