‌Le budget écocitoyen 2020 : les projets lauréats.

En janvier 2020, le Conseil départemental du Puy-De-Dôme a lancé le budget écocitoyen. Celui-ci permet aux habitants du département de voter en faveur de projets, proposés par des citoyens ou associations, et qui favorisent la transition écologique. Ce budget est fixé à deux millions d’euros au total. Sur les 139 propositions de projets, 63 sont lauréats du budget et ont été retenus en octobre 2020, voici la présentation de trois d’entre eux. 

La E-Doume : Un logiciel pour payer en monnaie locale dématérialisée.

Vous connaissez sûrement déjà la doume, la monnaie locale du département. Elle favorise les circuits courts, développe la relocalisation des productions et services, promeut les pratiques éco-responsables et empêche toute spéculation financière puisqu’elle ne circule que sur des marchés réels et non-boursiers. Si vous souhaitez en savoir plus, notre article sur cette monnaie ici. Le projet, nommé Kohinos, proposé par l’association ADML63 (Association pour le développement d’une monnaie locale dans le Puy-de-Dôme) consiste à numériser la doume. Celle-ci n’existe qu’en format papier à l’heure où la majorité de la population paye ses achats par carte bancaire. Ces billets papiers ne permettent pas non plus de payer comptant, puisque les centimes ne sont pas imprimés. La e-doume, dématérialisée, permettra de payer avec son téléphone ou sa tablette, centimes compris. Plus besoin de retirer des doumes papier dans les comptoirs de change, les consommateurs pourront directement acheter des e-doumes avec des euros sur l’application. Les prestataires recevront directement le paiement en doumes sur leur compte et pourront ainsi réutiliser la monnaie locale chez d’autres commerçants du département. 

Même si la doume numérisée existe depuis 2018, l’association souhaitait développer le logiciel pour le rendre plus performant et ainsi faciliter l’utilisation de cette devise : « C’est un peu plus long que prévu parce qu’on a voulu mettre dans le coup les autres monnaies locales. Cela veut dire demander aux utilisateurs si ça leur convient, aux développeurs de se former, donc j’espère qu’on verra la fin du projet dans un mois ou deux » explique Danielle Nadal, membre de l’association ADML63. Le projet est effectivement en open-source (libre d’accès) permettant aux autres monnaies locales de France de profiter de ce logiciel. Le logiciel Kohinos s’étend donc autant au niveau départemental que national. « C’est pour ça qu’on l’a appelé Kohinos, qui veut dire « en commun » en grec » explique Danielle, aussi professeure de ladite langue ancienne dans la vie de tous les jours. « C’est un outil indispensable, surtout pour les monnaies rurales qui n’ont pas beaucoup de moyens. »

L’association a déjà commencé les travaux sur le logiciel, qui a été préfinancé par un de ses adhérents, Pascal Tellier. Le fait de gagner le budget est donc un soulagement : « C’est vraiment une très bonne nouvelle car on ne savait pas comment rembourser notre adhérent ! C’était un point douloureux dans notre affaire et ça éclaircit notre horizon de manière considérable. On avait peur que le fait que ce soit un projet allant au-delà du Puy-de-Dôme puisse être un motif de refus mais on est très contents que le département ait accepté ! » se réjouit Danielle. La nouvelle plateforme sera donc prochainement disponible, puisqu’il ne reste plus que quelques tests à faire. Et avec un budget de 35 500 euros et 275 votes en sa faveur, le projet n’a aucune ombre à son tableau pour ne pas aboutir : « Beaucoup de gens passent à l’e-doume car c’est plus facile à utiliser, notamment à la campagne, avec de grandes distances, c’est quand même plus pratique de passer par internet. » conclut la membre de l’association.

Vélo Nous Aussi : Promouvoir une mobilité douce pour permettre une autonomie des personnes en situation de handicap.  

Le foyer les Granges à Saint-Jean-d’Heurs, avec l’association Adapei, accueille 114 résidents en situation de handicap tout au long de l’année. Le foyer se trouve à proximité de la commune mais tous les chemins sont soit non adaptés aux résidents, soit bétonisés pour les véhicules motorisés. Le projet « Vélo Nous Aussi » cherche donc à créer une piste cyclable permettant aux personnes à mobilité réduite de se rendre sur les principaux lieux publics de la commune (mairie, école, salle des fêtes, restaurants… ). « Intégrer une vie communale sans dépendre des minibus » explique le foyer. En plus d’une meilleure mobilité, respectueuse de l’environnement, les résidents pourront plus facilement créer du lien social avec leurs concitoyens et dynamiser l’économie locale. 

Pour cela, des travaux sont nécessaires mais aussi l’achat de vélos adaptés : trois tricycles avec des installations adaptées aux fauteuils roulants, trois autres avec une assistance électrique et une entrée basse pour faciliter l’équilibre et la mise en selle, ainsi que trois vélos électriques lambda pours les personnes en situation de handicap mais plus autonomes ou les accompagnateurs. Des aires de repos, des coupe-circuits seront aussi prévus sur le parcours, qui fera 4 km, en cas de fatigue. Ce dernier complètera deux autres chemins de randonnée. Pour les habitants de Clermont-Ferrand et Thiers, des réseaux de transports en commun sont mis à disposition pour arriver faciliter l’accès à la piste. Ce projet est donc destiné à la fois aux résidents du foyer mais aussi à toute personne souhaitant se balader à Saint-Jean-d’Heurs, d’autant plus que les vélos pourront être prêtés à qui le souhaite. 
Vélo Nous Aussi demande une aide de 64 000 euros et a été sélectionné grâce à 269 votes ! 

Restaurant Solidaire Issoire : la lutte contre le gaspillage alimentaire au service d’un projet social. 

Le projet du Restaurant Solidaire Issoire est de permettre à tous et à toutes d’avoir accès à une nourriture équilibrée à prix abordable, tout en luttant contre le gaspillage alimentaire. Guillaume Benoit, secrétaire de l’association, explique que le projet « a pris un petit coup de pause avec la Covid, mais on a un local disponible tous les lundis que le restaurant « La Sanaga » d’Issoire nous prête. Mais bon, comme c’est encore fermé, on attend. » Malgré ces difficultés, l’association « continue d’étudier la faisabilité du projet en prospectant auprès des partenariats, des potentiels clients… On briefe les bénévoles pour l’ouverture ». Motivés, lorsque la restauration pourra enfin rouvrir ses portes, les membres du projets comptent faire des repas-pilotes, « pour faire connaître le projet et nous tester aussi. On veut se mettre dans les conditions réelles, aller chercher les invendus, cuisiner, faire le service, sur un jour. Ensuite on fait un bilan de la journée pour savoir ce qui a marché ou pas. » explique Guillaume.

Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, le Restaurant Solidaire Issoire sera bientôt en partenariat avec des producteurs et revendeurs locaux et des grandes surfaces afin de récupérer les surplus et invendus. Pour aller au bout de leurs idées, les membres de l’association veulent aussi utiliser un matériel de seconde main, notamment avec du mobilier et de la vaisselle recyclée. Le but sera aussi de rendre la cuisine collective, participative, de créer du lien social et une mixité entre générations, milieux sociaux et culturels. Pour que le projet soit accessible à tous, le restaurant hésite encore à mettre en place un menu à prix libre. Le budget écocitoyen, d’un montant de 20 597 euros, servira donc à financer l’équipement de la cuisine, une camionnette réfrigérée, ainsi qu’une formation juridique sur les normes d’hygiène, d’accueil du public à trois membres du projet. Lorsque l’équipe a su qu’elle avait gagné le budget participatif, « on a fêté ça virtuellement : on savait qu’on avait pas mal de chances d’être reçus, mais c’est une vraie étape, la première subvention qu’on reçoit ! C’est la concrétisation du projet, on était vraiment heureux ! » se réjouit le secrétaire.

Pour ce qui est de leur local, « on prospecte tous azimuts, on est en lien avec le service économie de notre commune » mais pour l’instant, pas grand-chose. La recherche d’un espace de 80 à 100 m2 est donc leur priorité pour pouvoir ouvrir trois à cinq jours par semaine, à midi, sur la base de 20 à 30 couverts par service. Si le projet se concrétise, Restaurant Solidaire Issoire aimerait aussi aller vers le zéro déchet en créant un jardin potager et un poulailler en utilisant les surplus alimentaires pour faire du compost. Avec ses 356 votes, le restaurant semble soutenu par la communauté du Puy-de-Dôme ayant participé au vote. 

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