Les verriers de Puy-Guillaume face à un PSE « non viable »

Depuis novembre 2020, la direction de l'O-I (Owens-Illinois Inc.) Manufacturing propose un PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi) sur ses sites de productions, dont celui de l'usine de Puy-Guillaume. Malgré les négociations qui ont début le 03 décembre dernier, les syndicats qui avaient proposé un PSE alternatif ne se sentent toujours pas écoutés et trouvent celui de leur direction "non viable" sur le long terme.

Les verriers de Puy-Guillaume s’inquiètent du PSE (Plan de Sauvegarde pour l’Emploi) qui sera acté le 11 mars prochain pour leur usine. L’entreprise américaine de production d’emballages en verre (pots de confitures, bouteilles de bières …) O-I Manufacturing est numéro 1 au niveau européen et l’un des plus gros producteurs mondiaux. Toutefois, celle-ci décide d’aménager un PSE qui consiste à annoncer la suppression future d’emplois sur 7 sites en France. Pour l’usine de 340 salariés de Puy-Guillaume, la direction prévoit la suppression de 13 postes d’ici 2023 ainsi que le transfert de 14 salariés de la logistique vers des partenaires extérieurs.

Un PSE jugé non essentiel

« Les 13 postes concernent les ateliers de jour, car nous sommes une usine qui tourne 24 heures sur 24. Ce sont les services de support, de réglages ou de mouleries qui seront affectés. » présente Laurent Dufour, secrétaire général du CSE (Comité social et économique) de puy guillaume, à la CGT. La direction a assuré que ces suppressions d’emplois ne seraient pas des départs forcés, mais des départs naturels en retraite. « C’est difficile de dire si la direction respectera ça, puisque le PSE va durer 18 mois. On veut éviter les licenciements économiques. » poursuit Laurent. « Mais la réduction des effectifs va impacter les conditions de travail des salariés. Quand tu passes de 11 à 9 personnes pour la même charge de travail, tu nuis forcément à la productivité. »

Pour les 14 salariés logisticiens qui devaient être externalisés, « seules deux ou trois personnes seront transférés car elles ont tout intérêt à l’accepter. Elles sont proches de la retraite et sont spécialisés dans ce secteur » explique le cégétiste. Le transfert de ces personnes aura lieu le 1er décembre 2021. « Les autres seront formés à un nouveau métier. Pour la plupart ce sont plutôt des retours en arrière donc ils ne partent pas dans l’inconnu. Pour eux, la priorité était de garder un contrat chez O-I. Donc ça ne leur pose pas de problème » continue Laurent.

Pour les salariés syndiqués, c’est la justification économique de ce PSE qui ne passe pas. « On n’a pas été touché par la crise, la production était quasiment identique. Nous faisons des produits pour le secteur alimentaire, et les gens continuent de consommer. Le groupe va très bien, il veut juste augmenter le profit et donner plus aux actionnaires » analyse le secrétaire général de la CGT. C’est pourquoi les verriers cégétistes ont proposé un PSE alternatif.

« Verre avenir », l’alternative au PSE proposé à la direction.

Les cégétistes ont expliqué que tous les postes pouvaient être supprimés grâce à des départs naturels à la retraite. Mais ce que demandent les salariés, c’est une réduction de la précarité de l’emploi. « De plus en plus de personnes sont embauchées en intérim. L’intérim n’assure pas un transfert des compétences. Ils ne vont pas faire correctement le travail car n’auront pas été suffisamment formés. Au final on dégrade les objectifs, qui sont d’augmenter les rendements » poursuit Laurent. Pour lui, le PSE proposé par la direction n’a aucun sens sur le long terme, puisqu’il participera à la dégradation de la productivité du groupe. « Notre plan social est basé sur des chiffres et il ne coûte rien, contrairement au leur, car la direction nous remplace en investissant dans des machines. »

D’après le syndicaliste, cela fait 40 ans que les ouvriers de l’usine se voient priver d’emploi par la technologie : « On n’est pas contre l’investissement, mais on aurait préféré que l’entreprise investisse avant de licencier des gens. Pour ensuite voir, par rapport aux effectifs, comment sauvegarder des emplois. Dans tous les cas, cela va dégrader les conditions de travail des salariés car les machines ne vont pas réduire la difficulté de notre travail. »

Une direction qui refuse le dialogue ?

« Le plan que la direction nous propose n’a pas été réfléchi. Verre Avenir était le plan le plus durable et logique par rapport aux conditions actuelles. La direction nous a poliment écoutés il y a 3 semaines mais ne l’a plus jamais évoqué. Ce n’est pas terminé mais les négociations sont faites à 95% donc on ne pense pas qu’il sera pris en compte » exprime Laurent Dufour. Il se dit aussi déçu car pour lui le syndicalisme était synonyme de propositions, compromis et discussion. Aujourd’hui, le syndicalisme est devenu pour lui un combat permanent. « Nous ne sommes plus des partenaires sociaux, nous sommes simplement en lutte perpétuelle » conclut-il, attristé. « Au moins, on a montré qu’on avait réfléchi à d’autres solutions. C’est dommage. »

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