« Le personnel est en grande souffrance dans tous les services ». Tel était le constat dressé ce mardi par Eric Rodier, secrétaire général de la CGT 63 ; « Le gouvernement gère l’hôpital comme une entreprise, en flux tendus, ils ont supprimés 5 700 lits en 2021. Il manque des infirmières, des aides-soignants, mais aussi du personnel administratif. », décrit-il, avant de reprendre : « Dans le bloc où je travaille, on a du repousser des opérations pour des cancers du sein à cause de ça. Le gouvernement est en train de détruire l’hôpital. »
Les « oubliés » du Ségur
Pour un autre syndiqué à la CGT, technicien directeur de travaux au CHU de Clermont-Ferrand, le COVID n’a fait qu’accentuer un mal-être déjà présent dans le secteur de la santé : « Les plans de restructuration, de mutualisation, ça crée de la désorganisation. On nous demande de faire autant avec toujours moins, donc le personnel est sous tension, il y a des burn-out… ». Selon lui, comme pour le reste de son syndicat, le « ségur » de la santé du gouvernement est « une imposture » ; « La CGT n’a pas signé le Ségur, car la prime de 183 euros promise par celui-ci n’est destinée qu’aux soignants. Pourtant, dans un hôpital, il y a aussi des ouvriers, des administratifs, des techniciens biomédical, des agents d’entretien… Sans eux, l’hôpital ne peut pas fonctionner. Ce sont les oubliés du ségur ».
Ces « oubliés du ségur », Lucie en fait partie. Elle et ses collègues moniteurs-éducateurs et éducateurs spécialisés du foyer occupationnel de Scourdois sont eux aussi mobilisés aujourd’hui. Lucie explique « Nous aussi, on devrait avoir le droit à cette prime de 183 euros. On nous demande toujours plus, parfois du soin, de l’accompagnement et de l’administratif en même temps. On veut une vraie reconnaissance pour notre travail. Je suis diplômée depuis 2018 et je suis déjà dégoûtée de mon boulot… » Conclut-elle, amère.

Embauches massives et revalorisations salariales
Face à ces constats, la CGT demande 400 000 embauches supplémentaires dans le secteur de la santé, une baisse du temps de travail à 32 heures et plus de formations professionnelles. Le syndicat réclame aussi une augmentation des salaires de 300 euros « pour compenser la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation », précise un syndicaliste.
Dans une prise de parole, un autre syndiqué a également appelé à la « lutte contre la privatisation de l’hôpital et la casse du service public », en se joignant à la manifestation interprofessionnelle du 27 janvier. Mais avant, ce sera l’éducation nationale qui battra le pavé jeudi contre les protocoles sanitaires de Jean-Michel Blanquer, et là aussi, la CGT sera présente. « Il va y avoir du mouvement », assure un homme en chasuble rouge avec un grand sourire.
Elian Barascud

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