C’est le coup de fil d’une amie qui nous sort du café de bord d’autoroute, hier matin, 8 heures.
« Tu as lu la Montagne? » Questionne-t-elle, hilare, tant elle connaît ma réponse. « Non, parce que tu aurais dû… »
En effet, en date du 13 février, un article paraît afin d’annoncer que le Père Baptissard est convoqué début juin au tribunal criminel afin de répondre d’accusations de viol sur une petite fille de 8 ans.
Cette histoire, nous la connaissons bien. Nous avions déjà enquêté sur le passé sulfureux de ce curé.
Fut un temps, il rendait visite à une femme dont la petite-fille l’accuse de viol. Il aurait profité de ses visites chez la grand-mère pour approcher et violer l’enfant.
La fillette taira ce calvaire pendant des années, presque des décennies. Mais, elle finira par en parler à sa famille et déposera plainte, presque 20 ans après les faits, rongée par le mal de ces agressions sexuelles.
D’abord, l’affaire essuiera un non-lieu avant qu’une nouvelle enquête soit diligentée et amène le père Baptissard à la barre début juin 2024.
Une victoire bien sûr pour la victime, que nous avons toujours soutenue.
En 2022, le journal La Montagne pourtant écrit un article glorifiant sur l’homme d’église. Très vite, des lecteurs s’offusquent de cette communication à l’égard d’un potentiel violeur. Trop tard, l’article paraît dans le journal.
Nous décidons alors d’écrire un article pour dénoncer cet article, au nom du respect de la victime présumée.
Le voici ICI
Quelques mois plus tard, nous recevions une lettre anonyme que nous avons décidé de vous publier :
Il nous arrive régulièrement de recevoir ce genre de pressions quelque peu inoffensives, mais qui tentent de nous déstabiliser et nous empêchent de faire notre travail.
la lettre anonyme est la défense des faibles qui n’osent même pas signer leurs écrits. Et tant mieux, car ce courrier reçu à notre domicile, doit être dur à assumer pour son auteur.
Pus tard, ce sera des courriers par Instagram, effacés depuis par ses émetteurs et émettrices.
Aujourd’hui, la justice a décidé de poursuivre le curé devenu vieillard. Bien sûr, prouver le viol ne sera pas la chose la plus facile. Comme souvent en affaire de viols, les preuves sont manquantes.
Mais, nous estimons malgré tout, qu’il était de notre devoir, de dénoncer un article louant un accusé de viol. De vous montrer aussi, les pressions récurrentes auxquelles nos journalistes sont confronté-e-s. Et de faire respecter la parole de la victime.
Voici le prix de notre indépendance.
Merci à ceux et celles qui nous ont défendu-e-s à cette époque.
Nous serons présent-e-s au procès du père Baptissard, qui à ce jour, se défend toujours des accusations contre lui. Et évidemment, nous vous raconterons !