Les grévistes Dachser n’ont pas l’intention de relâcher le mouvement de grève, entamé il y a plus de 3 semaines. Postés devant leur entreprise, ils dénoncent de mauvaises conditions de travail et un manque de reconnaissance.
En arrivant à Combronde, difficile de ne pas voir la grosse plateforme Dachser, qui surplombe le village. Les habitants passent voir les grévistes de temps en temps pour leur apporter de l’argent ou des repas. Sur la commune, les gens appellent à les soutenir, comme la pompiste du village. « Plus de trois semaines, qu’ils vivent sans salaire, comment les patrons peuvent les laisser comme ça ? »
98 % de l’équipe en grève
Pourtant, c’est bien au silence de leur direction que les grévistes se cognent chaque jour. « On a vu le directeur hier, mais il nous a juste dit qu’il ne ferait rien. » Explique Jean-Christophe, du syndicat CGT. Avec lui, 18 autres salariés, soit 95 % de l’équipe jour de manutention sont là depuis le premier jour.
Suppression de la prime d’ancienneté et des heures supplémentaires
Les salariés payés 1200 euros nets par mois, sous le statut d’agent de quai, remplissent la fonction de caristes et pourraient alors prétendre à 1500 euros nets. « Tout le monde s’en va, on n’a aucune reconnaissance de notre travail » s’insurge un gréviste qui déplore un manque de personnel car l’entreprise n’arrive plus à recruter. « On n’a même plus nos primes d ‘ancienneté, pourtant prévues dans la convention collective. »
Idem pour les heures supplémentaires qui devraient être majorées à 125% lors de jours fériés. « On a décidé de faire une action aux prud’hommes. » Explique Jean-Christophe.
4,6 milliards de chiffres d’affaires
Dachser n’est pourtant pas à quelques euros près si l’on constate le bénéfice de l’entreprise. L’année dernière, elle enregistrait un chiffre d’affaires de 5,61 milliards d’euros. Ici, à Combronde, la structure est en fait une plateforme où arrivent les camions dont on décharge les marchandises pour les remettre sur d’autres remorques. « Nous sommes la seule plateforme de la société en France, car notre position géographique est centrale. » En effet, quasi toutes les cinq minutes, un camion se rend dans l’entrepôt. « Nous sommes chargeurs, déchargeurs, rouleurs. Ce ne sont pas des métiers faciles. »
Record régional de turn over
Ils sont une centaine de salariés à travailler sur Combronde, postes de direction inclus . « Ce métier est usant mais en plus on est mal payés. Nous sommes l’entreprise qui détient le record régional du turn-over. Ca veut bien dire quelque chose. »

Le mouvement de grève prend ses racines dès le mois de juin. De mauvaises négociations mettent les salariés en rogne. « Les délégués centraux ont signé lors de la NAO (Negociation Annuelle Obligatoire) 40 euros bruts à partir de janvier prochain et une pseudo prime Macron à hauteur de 500 euros. » Pas suffisant pour les grévistes ni pour FO et la CGT qui refusent de signer. Puis de colère en colère, les ouvriers ont décidé d’entamer une grève continue, entamée depuis 3 semaines.
Mépris des salariés et des élus
Mais aucune avancée. La direction reste sourde aux revendications. Elle a fait appel à des renforts pour pallier l’absence des salariés. « Du coup, ils paient des personnes venant d’autres régions, on leur paie hôtel, restaurant, déplacement, ce qui représente un coût considérable. Et à nous, on nous refuse, les 2 euros de l’heure supplémentaire, les jours fériés. C’est d’un mépris considérable. »
Le mépris, les grévistes ne sont pas les seuls à l’avoir essuyé. Par un courrier, la direction a fait savoir à Boris Bouchet, conseiller régional qui était venu soutenir les grévistes, qu’il ferait mieux de ne pas se mêler des affaires de l’entreprise. Nous nous sommes procurés le mail de la direction que vous pouvez lire ci-dessous et qui se termine ainsi : « Veuillez accepter, monsieur, la réciprocité de votre manque de respect caractérisé ».
Pourtant, l’entreprise a bénéficié d’argent public, les élus ont donc légalement et légitimement le droit d’intervenir dans les discussions.

Même traitement de défaveur pour la députée Christine Pires Beaune. Par un mail, on lui demande de retourner à ses affaires politiques, tout en lui signifiant que sa prise de position est peut-être due à une affaire familiale. Nous nous sommes là aussi procuré le courrier envoyé à l’élue.

Il a alors été demandé en toute urgence une action du sous-préfet pour tenter une amorce de discussion et modération.
Beaucoup de solidarité
Pour les salariés, et leurs soutiens, une cinquantaine en tout réunis ce jour, la situation semble pour l’instant bloquée. « On arrive au bout du truc. On ne peut pas discuter. Mais, une chose est sûre, on a perdu en salaire, même si on a reçu beaucoup de dons, mais quand on retournera travailler, les choses seront différentes. A force de rester jour et nuit sur le site, on a créé des liens très forts, on ne laissera plus la direction nous maltraiter. On fera bloc. Ca aura au moins servi à ça la grève. Ils nous ont endurcis, et réunis. Ca va être dur pour eux de nous faire plier. » Confie Baptiste, qui travaille chez Dachser depuis deux ans.

De nombreux chauffeurs, par un coup de klaxon, ont signifié leurs encouragements aux grévistes, comme les intérimaires qui sont venus offrir des repas.
Une caisse de solidarité a été mise en place pour soutenir les grévistes.
Quant à la direction, on ne l’aura aperçue que dans un coin de fenêtre. Elle a fait venir un huissier pour constater le mouvement de grève.
1 réflexion sur “4eme semaine de grève pour les salariés de Dachser à Combronde”
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