La culture en danger occupe la comédie de Clermont-Ferrand

Lundi 15 mars, à 10h, les acteurs de la culture en danger se sont regroupés pour prendre et occuper le bâtiment de la comédie à Clermont-Ferrand. L'objectif est de faire entendre les revendications du monde culturel mais aussi celles de différentes luttes afin d'organiser une convergence contre les réformes du gouvernement.

C’est la 29ème occupation de lieu culturel en France. Ce matin, un groupe de 70 personnes a investi la comédie de Clermont-Ferrand. Cette action est soutenue par la mairie et le directeur du bâtiment, Jean-Marc Grangier.
Responsable du lieu depuis 2002, c’est avec conviction que ce dernier a ouvert ses portes aux artistes et techniciens. « J’ai été contacté par la CGT pour occuper le lieu. J’ai préféré ouvrir les portes car les discussions et débats qui auront lieu ici me concernent aussi. » Pour lui, il est indispensable de rouvrir tous les lieux de culture : « La réponse de la ministre est trop abstraite. Promettre 10 ou 20 millions d’euros d’aide sans nous dire comment cet argent va être réparti, sans savoir combien coûte par exemple une année blanche, ça n’a aucun sens » explique-t-il. Jean-Marc Grangier est aussi très sensible à la situation des étudiants. « Comment vont-ils s’établir dans leur métier si la crise dure 4 ou 5 ans ? » se questionne-t-il. « La seule solution c’est d’occuper des lieux pour se faire entendre de ce gouvernement sourd et muet ».

Une première assemblée générale pour fixer les objectifs.

Arrivés dans le hall de la comédie, les militants commencent à regrouper tables et chaises pour la première assemblée générale de l’occupation. Les objectifs sont clairs : définir un protocole sanitaire, organiser l’installation du lieu, l’intendance pour se nourrir et dormir, la communication pour les revendications ainsi que le festival du week-end prochain, le 20 mars. Un programme bien chargé pour une première journée.

« Pour le protocole sanitaire, tout l’arrière du bâtiment est occupé par des compagnies qui sont en protocole renforcé. Il ne faut donc aucun contact avec eux » expose Sébastien de la CGT spectacle. L’occupation se passera donc dans le hall. « On ne va pas dormir avec le masque. Donc je propose de créer un espace public avec un protocole strict et un espace privé, où on gardera nos distances mais où les masques ne seront pas obligatoires par exemple » propose Swane, étudiante plasticienne aux beaux-arts.
Pour respecter le protocole sanitaire et accueillir un maximum de monde, « la mairie pourra aussi ouvrir des salles de la maison de la comédie si besoin.«  ajoute Jean-Marc. « Par contre vous n’aurez pas accès aux cuisines, on peut fournir micro-ondes et cafetière. Mais si vous voulez une cuisine, il faudra en installer une dehors. Pour respecter les règles de sécurité » explique le directeur du lieu.

Quant aux revendications, les idées fusent. Entre celles pour la culture et celles pour la convergence des luttes, pour la société de demain, les avis divergent. Certains aimeraient d’abord se concentrer sur le message des acteurs de la culture pour ensuite créer un espace de débats, de discussion pour d’autres luttes. D’autres préfèrent dénoncer tout de suite la situation de tous les précaires et les diverses réformes gouvernementales comme la loi de sécurité globale.

Une organisation en commissions.

Face à la charge de travail de cette première journée, les artistes et techniciens décident de s’organiser en commissions. Six groupes sont créés : la communication, les revendications, la convergence des luttes, l’intendance, l’artistique et technique qui sont fortement liés.

En effet, ces deux derniers groupes gèrent à la fois les activités et installations techniques à créer ou faire pour occuper le lieu. Ils s’occupent aussi la programmation du festival du 20 mars. « On se demande quelles activités on peut organiser pour occuper le lieu et recréer du lien : lecture, expositions… Mais aussi pour le 20 mars, où on a déjà des groupes inscrits pour faire de la musique. » décrit un membre de la commission artistique. Pour le 20 mars, « On doit savoir quel matériel sonore on a besoin pour chaque groupe, si on peut avoir une scène couverte vu qu’il va pleuvoir et comment on peut tirer de l’électricité jusqu’aux scènes. » explique Gérald, gérant du Raymond Bar.
Parallèlement, l’intendance s’organise pour le couchage et la gestion de la nourriture. Il faut fournir des masques gratuits, des gels hydroalcooliques, faire la liste des objets prêtés et de leur propriétaires pour l’installation, qui va dormir sur place ce soir et comment les personnes vont tourner entre elles.

Pour la communication, les contacts avec la presse sont listés, des hashtags pour les réseaux sociaux sont créés, des photographes sont choisis pour couvrir l’occupation… L’idée de créer une galerie de portraits d’intermittents en argentique nait aussi. Cette commission rejoint aussi celle des revendications ainsi que celle de la convergence des luttes.
Le premier groupe rédige donc le premier communiqué de presse de l’occupation en listant les revendications du monde culturel. « On doit dire que la culture est essentielle pour créer du lien humain. Que la culture se trouve dans les salles de spectacle, mais aussi les salles de sport, les cafés, les restos, partout. Et que la vie sociale démocratique et créative est mise en péril sans culture. Il faut exprimer la souffrance d’une telle précarité économique comme sociale » décrit une membre de la commission.
Quant aux membres de la convergence des luttes, ils listent les contacts concernés par chacune des luttes défendues pour qu’ils puissent s’exprimer et expliquer leurs revendications. Cela concerne par exemple les soignants, les livreurs, les étudiants, les précaires en général.


Pendant ce temps, les banderoles sont accrochées, la cafetière tourne à plein régime. Une dernière assemblée générale est menée à partir de 15h30. Les revendications du communiqué de presse rédigé sont votées. Une liste des besoins et une cagnotte vont être mis à disposition pour ceux qui voudraient les soutenir dans leurs actions.

Nos actionnaires, c'est vous.

Aidez-nous à rester gratuit, indépendant et sans pub :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

nos derniers articles
Cet article vous a plu ?

Soutenez le Cactus !

Le journalisme a un coût, et le Cactus dépend de vous pour sa survie. Il suffit d’un clic pour soutenir la presse indépendante de votre région. Tous les dons sont déductibles de vos impôts à hauteur de 66% : un don de 50€ ne vous coûte ainsi que 17€.