Réforme des retraites : la bataille est lancée

Ce matin, une large intersyndicale s’est lancée de la place du 1er Mai pour rejoindre Jaude. 30 000 personnes ont manifesté à Clermont pour dénoncer le projet de réforme des retraites. On vous raconte.

« Du jamais vu depuis 1995 ». C’est ce que beaucoup nous disent dans le cortège. En effet, il ne faut pas longtemps pour s’apercevoir que le rendez-vous a été suivi. Ce matin, tous les syndicats, main dans la main, ont défilés pour dire leur hostilité à la réforme des retraites voulue par le gouvernement.

 Retour en 2010

La dernière fois que c’est arrivé, c’était en 2010. La CFDT était contre la réforme des retraites et bataillait aux côtés des autres syndicats. Ce matin, on a vu à nouveau du orange dans les cortèges. Le mouvement de grève était en effet à l’appel de l’intersyndicale CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires et FSU. À Clermont, étaient aussi là l’UNEF et la Voix lycéenne. 

Et ça se sentait. Il y avait du monde, beaucoup de monde !

Marée humaine

En France, on dénombre plus de 200 points de rassemblement au total. Si on ne peut à l’heure actuelle pas encore donner de chiffre au national, il se pourrait bien que le nombre de manifestants dépasse le million. À Clermont-Ferrand, 19 000 personnes ont battu le pavé selon la police. Les syndicats parlent plutôt de 30 000. Nous, on penche plutôt pour cette dernière option car la place de Jaude se rapprochait pas mal d’une finale de Top 14. C’est simple, quand le cortège a atteint la place de Jaude, les derniers quittaient à peine celle du 1er mai. Toute la matinée, nous avons eu du mal à circuler entre les participants.

Main dans la main

Dans la manif, tous les métiers. De l’hospitalier, des transports, les usines comme Constellium, Michelin ou Volvic, la culture, l’éducation… Mais ce qu’on retient surtout, c’est que la mobilisation était intergénérationnelle. On a croisé énormément d’enfants et plus de 200 étudiants sont partis directement de la fac de Gergovia.

Mais les plus représentés étaient surement les retraités. « On est là pour l’avenir de nos enfants, de nos petits-enfants et de nos collègues. On trouve ça injuste qu’ils ne soient pas soumis au même système que nous. Surtout, ils essaient de diviser les retraités et les actifs mais on soutient les travailleurs ! », affirme une retraitée de l’Éducation nationale. « On manifeste contre la réforme et contre Macron. Contre sa dictature pour plus de démocratie. On veut que le droit revienne au peuple. J’ai perdu trois copains dans la même année après la retraite. J’ai fait 30 ans de trois-huit dans le privé, si je viens, c’est pour l’avenir de mes enfants. », confie un jeune retraité.

Ambiance au beau fixe

Loin des complications annoncées et exacerbées par CNEWS entre autres, l’ambiance était au beau fixe dans la plupart des cortèges de France. En plus d’un ciel radieux, à Clermont, l’atmosphère était dansante. On marche. À notre droite, une femme a presque les larmes aux yeux. « Mais vous êtes tous là, c’est magnifique ! », lance-t-elle en prenant ses amis dans ses bras. « À la prochaine ! Parce que y’en aura surement d’autres ! », déclare un manifestant à son groupe d’amis avant de partir, le sourire aux lèvres.

Macron dépasse les Borne

Dans les grandes lignes, la réforme des retraites veut allonger l’âge de départ de 62 à 64 ans. Nous vous en parlions plus en détail dans notre article de la semaine dernière. Deux ans d’une vie, ce n’est pas rien. « Déjà à 60 ans, ça risque d’être dur de se lever le matin. », explique un ouvrier de Volvic. « Le travail c’est pour vivre, pas l’inverse. Moi, je soulève des charges lourdes, je ne pense pas que je pourrai encore le faire après 60 ans. Mon père n’a même pas eu le temps de profiter de sa retraite… », continue un cheminot.

Pour l’infirmier anesthésiste que l’on croise en fin de cortège, « c’est une réforme injuste. Nous, on a déjà perdu notre pénibilité en 2010. Je ne me vois pas endormir quelqu’un à 2h du matin quand j’aurai 65 ans. J’ai commencé à 23 ans, je devrai finir à 66. Plus ça va et moins on peut espérer partir à la retraite en bonne santé. ». Même constat pour les salariés du transport urbain de Clermont. « On ne se voit pas continuer à conduire des engins de 19 mètres à 65 ans. Pour la sécurité des usagers, ce n’est pas possible. Et puis on sent qu’on perd nos acquis petit à petit. ». Ces derniers indiquent qu’à la T2C, le taux de grévistes est de 70%. L’ensemble des services sont perturbés.

À la prochaine !

Midi. Place de Jaude, c’est une marée humaine qui s’amasse. On a rarement vu ça. Nous sommes presque 30 000. Chez EDF, à la mi-journée, 44,5% des effectifs sont en grève en France. Le Snes-FSU annonce que 65% des profs du secondaire sont grévistes. 70% dans le primaire. À Clermont-Ferrand, il y a très peu de cantines ouvertes et d’accueil périscolaire. 46,3% de grévistes à la SNCF, jusqu’à 77,4% chez les conducteurs. Ici, les bus et les tramways sont à l’arrêt.

Selon Philippe Martinez, au départ de Paris, le million de manifestants est dépassé. À Jaude, les prises de parole s’enchainent. « c’est le début d’un mouvement social historique ! », tonne Gislain Dughour, de la CGT. Les syndicats se retrouveront en AG demain pour décider des suites du mouvement.

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