Les AED de nouveau en grève à la conquête de leurs droits

Mardi 30 mars, à 9h, une trentaine d'AED (Assistants d'Éducation) se sont rassemblés devant le rectorat de Clermont-Ferrand pour demander la revalorisation et la reconnaissance de leur travail en acquérant de nouveaux droits.

Les AED dénoncent des conditions de travail dégradées.

Les AED sont « lessivés ». C’est ce qu’explique Camille, AED depuis 4 ans au collège Gérard Philipe. « On travaille 40 heures par semaine, quand c’est pas plus. Certaines heures ne sont pas comptabilisées comme lorsqu’on assiste au conseil d’administration. La plupart des moyens sont économisés sur la vie scolaire donc ça devient de plus en plus difficile. On considère ce métier comme un job étudiant. Mais je n’ai pas l’impression qu’un étudiant puisse réviser et faire un temps plein en même temps. » Les AED ont effectivement été mis en première ligne durant la crise sanitaire, puisque leur emploi est très polyvalent.

« Moi j’ai une formation d’éducateur mais beaucoup d’AED ne sont pas formés alors qu’on est surveillant, assistant social, confident, CPE… On s’occupe des petits bobos, de l’aide au devoirs, de la cantine… » liste Morgane, AED depuis deux ans. Certains remplacent même les professeurs absents pendant la crise sanitaire. C’est le cas de Mattéo, AED depuis seulement deux mois. Il doit donner des cours d’anglais à deux classes de 30 élèves. « On palie tous les problèmes liés au Covid. Je ne suis pourtant pas formé pour être prof, je n’ai pas de contrat équivalent. Au départ on m’avait dit que je n’aurais qu’à surveiller les élèves pendant que la prof ferait ses cours en visio. Sauf que le visio n’a jamais été mis en place. Donc c’est moi qui fais cours aux élèves » explique le jeune AED.

Une reconnaissance inexistante.

Pour Davy Delfour, les AED sont « considérés comme des employés jetables« . Il dénonce notamment le fait que la direction des établissements scolaires a reçu une prime liée au Covid tandis que les AED n’y ont pas droit. « C’est pourtant nous qui sommes au milieu des clusters, pas ceux qui travaillent dans les bureaux. » poursuit le militant de la CGT Éduc’action. Et si les établissements demandent aux AED de remplacer les professeurs manquants à l’appel, ils n’embauchent personne pour remplacer les AED absents. « On est 8 AED dans mon collège. On a 480 élèves à gérer. Sauf que parfois, on est seulement deux ou trois pour faire tout le travail ! » s’insurge Morgane. Même situation au collège Gérard Philipe : « Même s’il y a des roulements entre les salariés qui ne sont pas à temps plein, on est 5 ou 6 maximum alors qu’il faudrait qu’on soit 8 ou 9 » estime Camille.

Pour l’ensemble de ceux que l’on surnomme les « pions », il est temps que l’on prenne leur avis au sérieux. « Quoi que fasse un élève, il passe forcément par un AED au préalable. C’est nous qui les connaissons le mieux. On peut expliquer pourquoi un élève est turbulent, si c’est souvent le cas, s’il traverse une période difficile, s’il a des problèmes de santé etc. On doit donc pouvoir donner notre avis sur les élèves mais aussi sur la pédagogie à adopter, sur les protocoles à établir. Car c’est nous qui devons appliquer les décisions prise en amont. Or parfois, ces décisions n’ont aucun sens car ne sont pas possibles à mettre en place » explique Davy.

Des contrats de 3 ans … en attendant la titularisation et une CCP décisionnaire.

Soumis à des contrats de 1 an renouvelables, les AED demandent des contrats d’une durée minimale de 3 ans, et cela à chaque embauche. Cela permettrait aux assistants d’éducation d’être moins précaires, d’avoir un meilleur accès au logement, d’être moins menacés par une perte d’emploi tous les ans. Mais pour les AED, cela ne suffit pour pour reconnaître la valeur de leur travail. « Même si on obtient des contrats sur 3 ans, on n’aura toujours aucune garantie de garder notre emploi au bout des 3 ans. On voudrait surtout être titularisés et avoir le statut de fonctionnaire de l’Éducation nationale, comme les professeurs » explique Morgane. Une titularisation permettrait non seulement de leur assurer un emploi et d’avoir plus de stabilité, mais aussi de ne plus avoir recours à la CCP.

La CCP (Commission Consultative Paritaire) existe notamment pour les AED syndiqués qui voient leurs contrats non renouvelés. « Les directions d’établissements ne peuvent pas ne pas renouveler le contrat d’un AED sans justification. Elles doivent donc expliquer les raisons pour lesquelles elles ne renouvellent pas le contrat et le salarié AED peut se défendre face à la commission. » présente Davy. Cette commission est composée à moitié de représentants du rectorat, donc de personnels de l’administration, et à moitié d’élus syndicaux. Sauf que pour le moment, cette commission n’est que consultative, le rectorat n’a pas l’obligation de prendre en compte ses décisions. Les AED demandent donc que la CCP devienne décisionnaire, pour éviter les non-renouvellements de contrats abusifs. Si les contrats de 3 ans minimum sont adoptés, elle permettra donc aussi un renouvellement de trois ans.

Les AED demandent donc formation, reconnaissance et revalorisation de leur travail, peu considéré malgré sa nécessité au sein des établissements scolaires.

Retrouvez l’ensemble des revendications des AED ci-dessous :

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