Après une mobilisation record la semaine passée dans l’éducation nationale, les profs estiment ne pas avoir été entendus. Ils étaient une vingtaine hier, devant le lycée Camille Claudel, à dénoncer la mauvaise gestion du COVID-19 dans les établissements scolaires.
Rien de neuf depuis les annonces
Sophie Brutus est professeure dans cet établissement et syndiquée à la CGT. Pour elle, les annonces faites par Jean-Michel Blanquer à la suite de la manifestation du 13 janvier n’ont rien changé
« On devait recevoir des masques, on ne les a pas eus. Avant les annonces de Blanquer, si un élève était positif on renvoyait tout le monde à la maison se faire tester. Maintenant, si on a un cas positif, on continue le cours, puis les élèves font un auto-test en fin de journée. Les collègues angoissent, on à l’impression qu’il n’y a rien de mieux pour augmenter les contaminations. Ce nouveau protocole sert juste à alléger les files d’attentes en pharmacie pour des tests », déclare-t-elle dépitée.
Sentiment de délaissement
Pour elle, la colère déjà présente depuis la rentrée ne fait qu’augmenter depuis janvier. Et pour cause : Sophie observe une multiplication des cas de maladie dans l’établissement. « On a l’impression de bricoler, on a des classes quasi-vides donc on ne fait pas notre boulot ». Elle fustige la politique du Ministère de l’éducation nationale : « Pour eux tout va bien car les classes sont ouvertes… On a un sentiment de délaissement. »
De plus, « l’affaire Ibiza », révélée par Mediapart, semble avoir mis le feu aux poudres. « C’est tout un symbole ça ! », s’exclame Sophie Brutus. « Nous on essaie de sauver une école qui craque de tous les côtés. Pendant ce temps notre ministre se dore la pilule à Ibiza la veille de la rentrée ! », s’exclame-t-elle.
Des suites le 27 janvier ?
La syndicaliste voit en la grève du 13 janvier une mobilisation « historique ». « Beaucoup de collègues ne faisaient plus grève car on n’obtenait plus de victoires ». Elle espère un rebond de la mobilisation sur la manifestation interprofessionnelle du 27 janvier, notamment sur la revalorisation des salaires, surtout du personnel précaire de l’éducation nationale (AED, agent d’entretien). « En décembre nos deux agents d’entretien sont partis, il a fallu les remplacer. Mais comme les salaires sont misérables personne ne voulait du poste. Le lycée a donc embauché une entreprise privée. Ça ne peut plus durer… » conclut-elle.


Elian Barascud