UCA : une enquête pour mieux agir contre les violences sexistes et sexuelles

Peu après la rentrée universitaire, une action « JEDIS » (Justice, Égalité, Diversité, Solidarité) a été lancée pour trois semaines dans plusieurs établissements d’enseignement supérieur du territoire. Objectifs : enquêter pour dégager un diagnostic sur l’état des violences sexistes et sexuelles et mieux lutter contre.

Les violences sexistes et sexuelles n’épargnent personne et touchent tous les espaces du quotidien. En témoigne le 6ème rapport annuel du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes sur le sexisme publié il y a 4 jours. L’étude réalisée auprès de 3 500 personnes estime que si une prise de conscience s’opère peu à peu sur les inégalités de genre, le sexisme ne recule pas pour autant. Le HCE pointe par exemple le rôle de la famille, de l’école et du numérique dans l’ancrage de certains préjugés.

Le rapport est à retrouver juste ici ainsi que notre article concernant la conférence de Céline Piques sur la pornographie. Retrouvez enfin notre article sur les 10 ans de l’association Osez le féminisme 63 qui revient sur l’évolution de leur combat et de la société.

Si l’école est pointée par le rapport comme lieu de développement des comportements sexistes, elle l’est du plus jeune âge jusqu’aux couloirs de l’université ou des écoles d’ingénieur. Cette réalité, l’Université Clermont Auvergne a souhaité la documenter pour mieux en venir à bout.

Le taureau par les cornes

L’action « JEDIS » (Justice, Égalité, Diversité, Solidarité) concerne l’UCA ainsi que l’INP, VetAgro Sup, l’ENSACF et le Crous Clermont Auvergne.

« Cette enquête doit nous permettre de renforcer et améliorer les dispositifs mis en œuvre. C’est un point de départ. Le travail présenté aujourd’hui doit nourrir un plan d’action. », a indiqué Mathias Bernard, Président de l’UCA mardi 23 janvier lors de la conférence de restitution à l’IADT. Claire Berthonneau, chargée de mission Egalité et Lutte contre les discriminations était également présente ainsi que les membres de la direction des établissements partenaires.

La consultation a eu lieu du 27 septembre au 10 octobre, ciblant 41.956 étudiants et étudiantes, personnels, doctorantes et doctorants.  Au total, 4864 réponses ont été récoltées soit 11.6% du public visé. « C’est un nombre satisfaisant pour se fier à l’étude. », expliquait Céline Piques experte « Genre et Statistiques » présente pour commenter les résultats de l’étude. Notons que les ¾ des répondants sont étudiantes ou étudiants et que les 2/3 sont des femmes.

Les chiffres essentiels

La donnée est paradoxale mais non moins intéressante : Dans cette enquête, 3 personnes sur 4 pensent leur établissement comme non sexiste alors que 55% d’entre elles ont déjà été témoins ou victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS) dont 40% de femmes.

« C’est l’inverse du monstre du Lochness, tout le monde en parle et personne ne l’a vu alors que les violences sexistes et sexuelles, tout le monde les voit mais personne n’en parle. », insiste Étienne Paux, Directeur général adjoint de VetAgro Sup.

Dans 9 cas sur 10, les vss impliquent un ou plusieurs hommes avec une surreprésentation des enseignants ou chercheurs.  Sur les 55% des répondants témoins ou victimes, 1 femme sur 3 est victime de propos ou comportements sexistes dans le cadre des études et/ou son travail. Chez les doctorants, il s’agit le plus souvent de chantage sexuel. Enfin, dans plus de la moitié des cas, les agressions sont répétées.

Pas qu’en soirée étudiante

Nous avons souvent en tête le cas typique d’une agression lors d’une soirée étudiante. Pourtant, concernant les propos et comportements sexistes et sexuels, dans la moitié des cas, cela se passe sur le campus.

Cette enquête se donne pour objectif de faire bouger les lignes. Il fallait alors partir du constat que l’on connaît souvent déjà : les femmes n’osent pas parler ou leur parole n’est pas prise en compte comme elle le devrait. En effet, ¼ des personnels, la moitié des doctorants et doctorantes ainsi que six étudiants et étudiantes sur 10 ne savent pas ou ne sont pas sûrs des contacts pertinents vers qui s’adresser. Seule 1 victime sur 10 et 1 témoin sur 20 signalent une agression. La première cause est la minimisation de la gravité suivie par le manque de confiance dans le traitement possible et la peur des conséquences.

Une cellule d’écoute et d’accompagnement face aux vss et aux discriminations existe déjà à l’UCA. C’est ALEX. Désormais, les établissements d’enseignement supérieur ayant pris part à l’action JEDIS comptent se servir de l’enquête pour développer encore leurs outils de lutte contre les agressions.

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1 réflexion sur “UCA : une enquête pour mieux agir contre les violences sexistes et sexuelles”

  1. Je reconnais comme dirait Alice Guittard que « l’inconnu(e) n’a cessé de me manquer ». L’homme est une personne en devenir et dans sa longue métamorphose, il est façonné par la femme. Cet obscur objet de désir. Qu’elle soit mère, compagne, amie, souvenir, c’est cette détermination qu’il faudrait accepter quand on est doté du pénis. Mais au lieu d’accepter cette contrainte, on lutte contre. Et se déploient alors les armes que sont l’artifice du langage homocentré et du pouvoir que l’on exerce partout.
    Devenir violent, sexiste c’est complétement rater son chemin vers son identité.
    Comment prévenir.
    « 1 femme sur 3 est victime de propos ou comportements sexistes dans le cadre des études et/ou son travail ». Mais qu’est que cela nous dit du nombre d’hommes ayant eu un comportement inadapté vis à vis des femmes qu’ils côtoient. Est-ce que cette étude a été réalisée et si oui, comment embellir les relations ?
    Les relations de travail étant un aspect du bien-être au travail : je propose que les médecins du travail posent enfin la question du comportement violent aux hommes et avant, les médecins scolaires aux garçons des collèges. Par exemple : – Avez-vous eu tel type de comportement vis-à-vis de vos collègues femmes (ou des filles de votre classe).
    Outil qui exige une grande clarification des types de violences sexistes (violences verbales, violences par coups, agressions sexuelles,) et des questions permettant de répondre avec précision et sincérité.
    Un outil, concernant les femmes et leur vécu relationnel avec l’homme existe (le violentomètre) mais il faut en créer un pour que les hommes puissent voir où ils en sont. Actuellement, la loi n’oblige pas les employeurs à s’intéresser aux violences sexistes ; c’est vraiment curieux au regard du nombre de féminicides.

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